Dictionnaire Argot-Français par Napoléon HAYARD dit « l'empereur des camelots »
NOTICE (écrite en 1907):
Napoléon Hayard fut un des hommes qui connurent le mieux les gens et les mœurs de notre époque.
La documentation que nous livrons aujourd'hui au public, est donc le résultat de la vie même de notre ami.
On ne doit pas s'attendre à trouver ici un travail d'érudition, comme les dictionnaires d'Alfred Delvau, Jean Rigaud, Lorédan Larchey ou Charles Virmaître. Hayard a noté ce qu'il entendait, sans rechercher si les expressions avaient quelques liens de parenté avec les argots classiques : celui des antiques mercelots, celui du Temple, ou celui des Barrières. L'argot se modifie d'époque en époque et devient, d'une génération à l'autre, dissemblable à lui-même. Un argotier archaïque, Ollivier Chéreau, l'expliquait ainsi déjà au XVIe siècle :
« Ce sont les plus sçavants, les plus habiles marpants de... toutime l'argot... qui enseignent le jargon à rouscailer bigorne, qui ostent, retranchent, réforment l'argot ainsi qu'ils veulent, et ont puissance de trucher sur le toutime sans ficher floutière... »
Ces phrases ne seraient aujourd'hui comprises par aucun dos, barbe ou monte-en-l'air. Ce qui prouve que l'argot s'est modifié et simplifié depuis les cagouts et truands de la Cour des Miracles.
On ne rencontrera dans ce dictionnaire, que des termes actuellement en usage [1907].
Nous n'avons pas cru devoir faire figurer les locutions qui ne sont que des mots français déformés, dont on a seulement altéré le préfixe et la terminaison, comme le javanais ou l'argot de louchébem. Ces locutions appartiennent à divers jargons et non au véritable argot.
Que les curieux y trouvent quelque distraction, que les honnêtes gens y puisent une arme de défense contre les malfaiteurs, c'est tout ce qu'ambitionnait l'auteur.
Son collaborateur :
MARIUS RETY.