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Dictionnaire des curieux (1880) | |
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Je ne sache pas qu'une personne, pour témoigner qu'elle est bien disposée à l'égard d'une autre, lui ait jamais ouvert sa manche en la priant d'y élire domicile.
La:première fois que cette locution attira mon attention, c'était à un bal. Un monsieur venait de l'employer eu parlant d'une dame.
Je ne pus m'empêcher de penser qu'il serait tout aussi difficile de pénétrer dans la manche d'une dame en toilette de bal, que de tailler une plume avec un canif sans larme et je me promis de rechercher en vertu de quelles circonstances manche avait pu devenir synonyme de faveur, bienveillance, amitié; pourquoi un morceau d'étoffe avait pu symboliser un sentiment.
Parmi les personnages préposés autrefois à la garde et à l'éducation des fils de France, on distinguait particulièrement les gentilshommes de la manche. Leur fonction était de veiller sur la personne du jeune prince, de le guider en toute circonstance, de partager ses jeux, comme font aujourd'hui les domestiques de grande maison qui ont su mériter la confiance de leurs maîtres. Ils étaient au gouverneur du prince ce que sont ces domestiques au précepteur. Tout ce qui louchait à l'éducation physique était de leur département.
On les appela gentilshommes de la manche, parce que leur rôle ressemblait assez à celui d'une bonne d'enfants qui dirige un bambin en le tenant par la manche de sa robe.
Il y avait aussi des gardes de la manche, chargés de se tenir constamment, à tour de rôle, aux côtés du roi et de veiller à la sûreté de sa personne.
On conçoit facilement que les gentilshommes attachés à la personne d'un fils de France, appelé à régner plus ou moins prochainement, essayaient de ne pas trop déplaire à leur pupille. La plupart du temps, c'était le pupille qui commandait et les supérieurs qui obéissaient, de même qu'on voit de nos jours un bambin de cinq ans faire manœuvrer à sa guise une grosse créature qui pourrait le broyer d'un revers de main. Quand le jeune prince arrivait au troue, même avant, les gentilshommes de la manche étaient donc mieux placés que personne pour obtenir des faveurs. Et ceux qui sollicitaient sans pouvoir rien obtenir s'en consolaient eu disant : Si je faisais partie des gentilshommes de la manche, on ne me refuserait pas ; — il n'y a de faveurs que pour ceux de la manche; — je ne suis pas dans la manche du prince.
Manche est employé ici par métonymie, de même qu'on dit : la Faculté, pour les médecins de la Faculté ; — la Toge, pour les magistrats; — la Chambre, pour les députés.
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