Milon de Crotone Légendes populairesMilon de Crotone, fils de Diotime, fut un des plus célèbres athlètes de la Grèce. On dit qu'il fut six fois vainqueur à la lutte aux jeux olympiques, la première fois, dans la classe des enfants. Il se présenta une septième fois à Olympie ; mais il ne put y combattre, faute d'antagoniste. Dans les autres jeux de la Grèce il eut partout le même succès.
Il était d'une force extraordinaire, et, pour en donner une idée, on raconte de lui des choses étonnantes. - Il tenait une grenade dans sa main, et, par la seule application de ses doigts, sans écraser ni presser ce fruit, il la tenait si bien que personne ne pouvait la lui arracher. - Il mettait le pied sur un palet graissé d'huile, et par conséquent très glissant ; cependant, quelque effort que l'on fit, il n'était pas possible de l'ébranler, ni de lui faire lâcher pied. - Il se ceignait la tête avec une corde, en guise de ruban ; puis il retenait sa respiration : dans cet état violent, le sang se portant au front lui en enflait tellement les veines, que la corde rompait. ― Il tenait le bras droit derrière le dos, la main ouverte, le pouce levé, les doigts joints, et alors nul homme n'eût pu lui séparer le petit doigt d'avec les autres.
Ce qu'on dit de sa voracité est presque incroyable : vingt livres de viande, autant de pain et quinze pintes de vin suffisaient à peine à le rassasier. Un jour, ayant parcouru toute la longueur du stade, portant sur ses épaules un taureau de quatre ans, il l'assomma d'un coup de poing, et le mangea tout entier dans la journée.
Il eut une fois occasion de faire un bel usage de ses forces. Un jour qu'il écoutait les leçons de Pythagore, le plafond de la salle où l'auditoire était assemblé menaçant de s'effondrer, il le soutint lui seul, donna aux auditeurs le temps de se retirer et se sauva après eux. La confiance qu'il avait en ses forces finit par lui être fatale.
Avant trouvé en son chemin un vieux chêne abattu et entr’ouvert par quelques coins de bois qu'on y avait enfoncés avec force, il entreprit d'achever de le fendre avec ses mains ; mais sous l'effort qu'il fit les coins se dégagèrent, les deux parties de l'arbre se rejoignirent, ses mains furent prises comme dans un étau : il ne put les retirer, et fut dévoré par les loups.
Dans le groupe de marbre, œuvre de Puget, qui est au Louvre, Milon de Crotone est dévoré par un lion, fantaisie du sculpteur.