La Pythie ou Pythonisse Les oraclesLes Grecs donnaient le nom de Pythonisses à toutes les femmes qui faisaient le métier de devineresses, parce que le dieu de la divination, Apollon, était surnommé Pythius, soit pour avoir tué le serpent Python, soit pour avoir établi son oracle à Delphes, ville primitivement appelée Pytho.
La Pythie ou Pythonisse proprement dite était la prêtresse de l'oracle de Delphes. Assise sur un trépied ou siège élevé sur trois supports, au-dessus du gouffre béant d'où s'échappaient les prétendues exhalaisons prophétiques, elle rendait ses oracles une fois seulement chaque année, vers le commencement du printemps.
À l'origine, il n'y eut qu'une seule Pythie ; ensuite, lorsque l'oracle fut tout à fait accrédité, on en élut plusieurs qui se remplaçaient et pouvaient être toujours prêtes à répondre, s'il survenait un cas important ou exceptionnel.
Avant de monter sur le trépied, la Pythie se baignait dans la fontaine de Castalie, jeûnait trois jours, mâchait des feuilles de laurier, et accomplissait avec un religieux recueillement plusieurs cérémonies. Ces préambules achevés, Apollon avertissait lui-même de son arrivée dans le temple qui tremblait jusque dans ses fondements. Alors la Pythie était conduite à son trépied par les prêtres. C'était toujours dans des transports frénétiques que la Pythie remplissait ses fonctions ; elle proférait des cris, des hurlements et paraissait être comme possédée du dieu. L'oracle prononcé, elle tombait dans une sorte d'anéantissement qui durait parfois plusieurs jours. « Souvent, dit Lucain, une mort prompte fut le prix ou la peine de son enthousiasme. »
La Pythie était choisie avec soin par les prêtres de Delphes qui eux-mêmes étaient préposés à l'interprétation ou à la rédaction de ses oracles. On voulait qu'elle fût née légitimement, qu'elle eût été élevée simplement et que cette simplicité parût dans ses habits. Elle ne connaissait ni essences, ni tout ce qu'un luxe raffiné a fait imaginer aux femmes. On la cherchait de préférence dans une maison pauvre où elle eût vécu dans une ignorance entière de toutes choses. Pourvu qu'elle sût parler et répéter ce que le dieu lui dictait, elle en savait assez.
L'oracle n'était pas toujours désintéressé. Plus d'une fois, à l'instigation de ses ministres, Apollon, par la bouche de sa prêtresse, se fit courtisan de la richesse ou du pouvoir. Les Athéniens, par exemple, accusèrent la Pythie de philippizer, c'est-à-dire de s'être laissé corrompre par l'or de Philippe de Macédoine.
La coutume de consulter la Pythie remontait aux temps héroïques de la Grèce. Phémonoé fut, dit-on, la première prêtresse de l'oracle de Delphes qui fit parler le dieu en vers hexamètres, et l'on ajoute qu'elle vivait sous le règne d'Acrisius, grand-père de Persée.