Les Présages et les Sorts Les oraclesOn distinguait les présages des augures, en ce que ceux-ci s'entendaient de signes recherchés et interprétés suivant les règles de l'art augural, et que les présages, qui s'ofraient fortuitement, étaient interprétés par chaque particulier, d'une manière plus vague et plus arbitraire. On peut, dit-on, les réduire à sept classes, savoir : 1° les paroles fortuites ; 2° les tressaillements de quelques parties du corps, principalement du cœur, des yeux, des sourcils ; 3° les tintements d'oreille ; 4° les éternuements du matin, du midi et du soir ; 5° les chutes imprévues ; 6° la rencontre de certaines personnes étranges, étrangères ou contrefaites, et aussi la rencontre de certains animaux ; 7° les noms et prénoms. On peut y joindre l'observation de la lumière d'une lampe, l'usage puéril de compter les pétales de certaines fleurs, ou les pépins d'un fruit, etc...
Il ne suffisait pas d'observer simplement les présages, il fallait de plus les accepter, et remercier la divinité s'ils étaient favorables. Si, au contraire, ils étaient fâcheux, on priait les dieux d'en détourner les effets.
À Rome, dans les temps de calamités, et, en général, toutes les fois qu'un présage avait paru défavorable, on invoquait le dieu Averruncus, dans la persuasion qu'il avait la puissance de détourner les maux ou d'y mettre fin. Ce surnom, d'un mot latin qui signifie « détourner», se donnait même assez souvent aux autres dieux, quand on les priait de conjurer un malheur.
Dans toute circonstance on avait recours aux présages, mais on les observait surtout au commencement d'une affaire importante, aux premières heures du jour, au premier jour d'un mois et principalement d'une année : de là l'usage des paroles de bon augure dans les rencontres, les salutations, les souhaits, et jusque dans le langage le plus ordinaire de la conversation.
Non seulement les Romains évitaient les paroles de mauvais augure, mais ils prenaient garde d'évoquer quelque malheur par certains gestes, certaines attitudes, certains regards. Les esprits crédules attribuaient à telle ou telle personne le pouvoir de fasciner, et de jeter un sort, le plus souvent mauvais.
Le Sort pour les anciens, est la part d'existence, ou, pour mieux dire, la part de biens et de maux dévolue à chaque être vivant, par le Destin. Ce mot étant du féminin en latin, les Romains avaient fait de la déesse Sors une fille de Saturne, et on lui rendait les mêmes hommages qu'au Destin ou à la Destinée. Elle était représentée sous les traits d'une jeune fille, à la parure recherchée, tenant sur sa poitrine une petite boîte carrée, propre à contenir ce qui est nécessaire pour tirer les sort.
On tirait les sorts généralement au moyen de dés : dans quelques temples on les jetait soi-même, d'où est venue cette expression si ordinaire aux Romains et même aux Grecs : « le sort est tombé », ou « le dé en est jeté ».
Ce genre de divination était pratiqué en maint endroit de la Grèce, et notamment a Dodone. Deux petites villes d'Italie, Préneste et Antium, avaient le privilège de contenir les sorts ; et de Rome on allait fréquemment les y interroger. Mais on allait aussi les interroger en Sicile, au temple des frères Palices.
Ceux-ci, frères jumeaux, étaient fils de Jupiter et de la nymphe Thalie. Cette nymphe, craignant le ressentiment de Junon, pria le maître de l'Olympe de la cacher dans les entrailles de la terre. Peu après, il sortit de terre deux enfants qui furent, appelés Palices et mis au rang des dieux. Près de leur temple était un petit lac d'eau bouillante et sulfureuse, toujours plein, sans jamais déborder : on le regardait comme le berceau d'où les deux frères étaient sortis. Longtemps ce fut près de ce lac que les Grecs allaient faire des serments solennels ; plus tard le temple des Palices devint un asile pour les esclaves maltraités par leurs maîtres ; enfin le lac des frères Palices fut utilisé pour tirer les sorts. On y jetait des formules écrites sur des billets qui surnageaient ou tombaient au fond, suivant que le présage était ou n'était pas favorable.