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Les mots qui restent (1901) | |
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L'historien grec Dion Cassius rapporte, au chapitre LVIII de son Histoire romaine, que l'empereur Tibère avait coutume de répéter cet ancien adage :
Eμοϋ δανόντος γαία μιχθήτω πυρί
Vers grec que l'on croit tiré du Bellérophon d'Euripide, et dont on trouve plusieurs mentions dans les anciens auteurs : Cicéron, De finibus, t. III, ch. XIX ; Sénèque, De Clementia, t. II, ch. II.)
Il signifie littéralement :
« Après ma mort, que la terre soit dévorée par le feu ! »
et peut se traduire par :
« Après moi la fin du monde ! »
Au récit de Suétone, Néron, entendant ce vers cité par un de ses familiers, s'écria :
« Que ce soit de mon vivant ! » et il exécuta sa menace.
(Vie de Néron, chap. 28.)
Le mot : « Après nous le déluge ! » qui n'est qu'une variante du précédent, parait avoir été de ceux qu'affectionnait Mme de Pompadour.
Voici ce qu'écrit à ce propos Mlle Marie Fel (chanteuse de l'Opéra, née en 1706), dans une note sur le peintre Quentin de La Tour, un de ses adorateurs :
« Il m'a raconté aussi que peignant Mme de Pompadour, le roy, après l'affaire de Rosbach, arriva fort trite, elle luy dit : qu'il ne falloit point qu'il s'affligeat qu'il tomberoit malade, qu'au reste après eux le déluge
» La Tour retint le mot ; quand le roy fut party, il dit à la dame que ce mot l'avoit affligé, qu'il valoit mieux que le roy fut malade, que si son cœur étoit endurcy. »
(Le Reliquaire de M. Q. de La Tour, peintre du roi Louis XV, par Ch. Desmaze ; 1874, p. 62.)
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