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Les mots qui restent (1901) | |
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Nous connaissons enfin l'origine de ce mot.
Le 1er mars 1843, à l'occasion d'une loi relative aux fonds secrets, quelques députés de l'opposition attaquèrent vivement M. Guizot, ministre des affaires étrangères, sur sa politique intérieure et extérieure. Ils lui reprochaient notamment de faire trop longtemps attendre les réformes désirées, entre autres la réforme électorale.
M. Dufaure déclara qu'après avoir soutenu pendant deux ans le ministère du 29 octobre (1840), il se décidait à se séparer de lui, ainsi que ses amis, qui composaient ce qu'on appelait alors le tiers parti.
M. Guizot, sans s'opposer en principe aux réformes demandées, en contestait l'opportunité. Selon lui, le progrès à accomplir devait consister, pour le moment présent, à apprendre l'usage des droits sociaux et politiques conquis par la révolution.
« A présent, disait-il, usez de ces droits ; fondez votre gouvernement, affermissez vos institutions, éclairez-vous, ENRICHISSEZ-VOUS, améliorez la condition morale et matérielle de notre France : voilà les vraies innovations ; voilà ce qui donnera satisfaction à cette ardeur de mouvement, à ce besoin de progrès qui caractérise cette nation. »
(Moniteur du 2 mars, p. 345, col. 2. — Guizot, Histoire parlementaire de la France, t. IV, p 68.)
Nous n'avons trouvé aucun commentaire sur le mot de M. Guizot dans les journaux du temps, qui n'en faisaient même pas mention dans leurs comptes rendus de la Chambre.
C'est plus tard seulement que les ennemis de M. Guizot l'exhumèrent pour s'en faire une arme contre le gouvernement de juillet, qu'ils accusaient d'être exclusivement dominé par la préoccupation des intérêts et des jouissances matériels.
Le mot de M. Guizot ayant toujours été soigneusement isolé du reste de son discours, ce n'est pas sans peine qu'on est parvenu à en découvrir l'origine et à lui restituer son véritable sens. Une note insérée dans l'Intermédiaire des Chercheurs du 22 novembre 1899 (t. XL, col. 869) nous a rendu ce double service.
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