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Dictionnaire des curieux (1880) | |
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M. Henri Berthoud donne, d'après un manuscrit original, la description suivante d'un repas chez un riche bourgeois messin du quinzième siècle :
« Chaque convive s'asseyait devant une table recouverte d'une nappe et tirait de sa poche son couteau, tandis que le maître du logis arrivait avec une crucque remplie de vin qu'il venait de tirer lui-même au tonneau. On appelait crucques de petites cruches en lerro fabriquées à Cologne, et aussi recherchées en ce temps-là que le sont aujourd'hui les porcelaines du Japon.
» La femme du bourgeois, qui ne prenait point place à côté des convives, servait ensuite dans une écuelle ou dans de grands plats d'étain les soupes, les brouets et les viandes découpées. Comme personne n'avait d'assiette, chacun, à la ronde, en commençant par le plus qualifié, recourait à une cuiller en bois à manche d'argent pour puiser à même dans le plat, si le mets était liquide, ou enlever adroitement avec la pointe de son couteau un morceau de viande qu'il plaçait sur son pain.
» Parfois on versait le vin dans un verre, mais le plus souvent on buvait à même à la crucque. Généralement on s'essuyait les doigts à la nappe.
» Les gens riches et qui se piquaient de recherche servaient à leurs invités des morceaux de viande taillés à l'avance en languettes et disposés sur des tranches de pain appelées lesches.
» Une ou deux lesches au plus formaient à chaque service la part d'un convive. »
Dans les grands festins donnés par les seigneurs, le maître du logis avait soin de faire disposer les couverts de façon que chaque homme eût une dame à son côté. Cela se pratique encore quelquefois de nos jours : la différence est que, chez nos ancêtres, il n'y avait qu'un couvert par couple, c'est-à-dire que le verre, l'assiette, etc., servaient en même temps au cavalier et à sa dame.
Il fut même un temps où verre, assiette, fourchette, etc., étaient des articles inconnus dans les plus riches maisons. Alors, il y avait, pour chaque couple, une écuelle où l'on plaçait les mets, et d'où chacun les extrayait avec ses doigts.
Un roman du moyen âge, parlant d'un grand repas où assistaient des centaines de chevaliers, dit : « Et si n'y eust cesluy qui n'eust dame à son escuelle. »
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