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Dictionnaire de l'académie française - Septième édition (1877) | |
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Fam., Ne connaître ni Dieu ni diable, N'avoir point de religion.
Fam., Je ne connais autre, se dit en parlant D'une personne que l'on connaît beaucoup.
Prov. et fig., Je ne le connais ni d'Adam ni d'Eve, se dit en parlant D'un homme que l'on ne connaît pas du tout.
Fig., Ne point connaître, ne plus connaître quelqu'un, quelque chose, N'en pas faire acception, ne point le prendre en considération. Il veut que tous soient également soumis à la discipline, et il ne connaît à cet égard ni parents ni amis. Quand il s'agit de ses intérêts, il ne connaît personne, il ne connaît plus personne.
Ne plus connaître quelqu'un, signifie aussi, Le traiter comme un inconnu, l'oublier, le mépriser. Depuis qu'il est en place, il ne connaît plus ses amis, il ne connaît plus personne. Je ne le connais plus, une telle action lui a fait perdre tous ses droits à mon estime.
Avec le pronom personnel, Ne point se connaître, ne plus se connaître, se dit D'une personne que la passion met hors d'elle-même. La fureur le transporte, il ne se connaît point, il ne se connaît plus.
Se faire connaître, Dire son nom, sa qualité aux gens dont on n'est pas connu. Comme on lui refusait l'entrée, il se fit connaître. L'auteur de ce livre ne veut pas se faire connaître, Ne veut pas se nommer. On dit en des sens analogues : Faire connaître qui on est. Ne vouloir pas être connu. Etc.
Se faire connaître, signifie aussi, Faire ou dire quelque chose qui décèle les dispositions, les qualités bonnes ou mauvaises que l'on a. Caton se fit connaître de bonne heure par son amour pour la liberté. Il s'est fait connaître avantageusement.
Fam., Je ne connais que cela, se dit en parlant D'une chose qui ne peut être éludée, ou qu'on ne doit pas balancer à faire. : Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela. Il résiste, châtiez-le, je ne connais que cela. On dit à peu près de même, Je ne connais qu'une chose, c'est d'agir franchement, c'est d'être sévère, etc.
Ne connaître que son devoir, que la règle, que la loi, etc., Ne point s'écarter de son devoir, de la loi, de la règle, etc., quelles que soient les circonstances où l'on se trouve, et les personnes avec lesquelles on a affaire.
Ne connaître que ses intérêts, etc., Ne considérer, n'avoir en vue que ses intérêts, etc.
CONNAÎTRE, se dit aussi en parlant Des choses qu'on a étudiées, dont on a une grande pratique, un grand usage, auxquelles on s'entend bien. Il voudrait tout connaître. Connaître une langue, une science, un art. Il connaît les mathématiques, le grec, le latin. Connaître à fond. C'est un homme qui connaît bien la guerre. C'est un bon officier de marine, il connaît très bien la mer. Connaître les bons livres, les pierreries, les tableaux, etc. Ce naturaliste connaît bien les plantes, les animaux, etc. Je ne parle point de ce que je ne connais pas. Il connaît les ruses du métier. Il a connu tous les secrets du style. Ce que l'expérience nous apprend à connaître. Connaître ses intérêts. Connaître ses devoirs.
Dans ce sens, il s'emploie aussi absolument. Le désir de connaître, Le désir de s'instruire, de s'éclairer.
Il se dit, dans un sens analogue, en parlant Des personnes. Je connais bien cet homme, et je peux compter sur lui. Je le connais pour ce qu'il est. Il a trompé bien du monde, on ne le connaissait pas. Je saurai bien le faire connaître et le démasquer. Cet homme gagne à être connu. Je le connais incapable de mentir. Je connais votre cœur. Vous me connaissez mal, si vous m'attribuez de telles intentions. Que vous connaissez peu les hommes! C'est un homme qui connaît bien le monde.
Dans le même sens, mais avec une légère nuance, il se dit pour Apprécier, juger. Le siècle qui posséda ce grand homme ne le connut pas. On perdit cet écrivain lorsqu'on commençait enfin à le connaître.
Il s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Prendre une juste idée de soi-même, de ses forces, de sa dignité, etc. « Connais-toi toi-même , » est une des plus belles maximes de la philosophie ancienne. Je me connais, à sa vue il me serait impossible de me contenir. Apprenez à mieux vous connaître, et ne craignez point de si faibles rivaux. Un homme sage et qui sait se connaître.
Il ne se connaît point, L'orgueil lui fait oublier ce qu'il est.
Se connaître, En parlant des choses, Être jugé, apprécié. L'arbre se connaît à ses fruits.
Fig. et prov., L'arbre se connaît à ses fruits, Une doctrine se juge par ses conséquences.
Se connaître à quelque chose, en quelque chose, Savoir en bien juger. Il se connaît en mérite, en poésie. Il se connaît en pierreries, en tableaux. Vous connaissez-vous à cela ? Je m'y connais mieux que vous. Il ne s'y connaît point du tout.
CONNAÎTRE, signifie en outre, Avoir des liaisons, des relations avec quelqu'un. Connaissez-vous quelqu'un de mes juges ? Je n'en connais pas un. Il connaît tout le monde. Je vous le ferai connaître. Je ne connais point cet homme-là, ni ne veux le connaître.
Il s'emploie dans le même sens comme verbe réciproque. Nous nous connaissons depuis longtemps.
En termes de l'Écriture sainte, Connaître une femme, la connaître charnellement, Avoir avec elle un commerce charnel.
CONNAÎTRE, signifie quelquefois, Discerner les objets, les distinguer, les reconnaître. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais je le connaîtrais entre mille. Il me connut à la voix, à la démarche. La nuit était si noire, qu'on ne pouvait connaître personne. Son style est aisé à connaître.
Fam. et fig., Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche, Il est incapable d'aucun discernement.
CONNAÎTRE, signifie encore, Sentir, éprouver ; et il se dit tant au sens physique qu'au sens moral. On ne connaît point l'hiver à la Martinique. Vous êtes heureux de n'avoir jamais connu le mal de dents, le mal de tête. Les anciens n'ont point connu, ne connaissaient point la petite vérole. Il ne connaissait plus le sommeil. Connaître le plaisir, les plaisirs. Il n'a jamais connu la haine, la jalousie, etc. Son cœur allait bientôt connaître l'amour. Il ne connaît point la crainte. J'ai connu l'infortune. Un peuple qui n'a jamais connu l'esclavage.
Il signifie aussi, Pratiquer une chose, l'admettre, s'y conformer, s'y soumettre; et, dans ce sens, il se joint ordinairement avec la négation. En Angleterre, on ne connaît point la loi salique. Cet usage n'est point connu dans tel pays. Ce peuple ne connaît point les raffinements du luxe. Sa bouche n'a jamais connu l'imposture. Il ne connaît point ces vains ménagements. Il ne connaît que son devoir, que la règle. Cet homme ne connaît que ses intérêts. Sa rage ne connut plus de frein. Sa charité ne connaît point de bornes. On dit dans un sens analogue, Ce cheval connaît la bride, les éperons, etc.
Ne point connaître de supérieur, de maître, N'avoir point de supérieur, de maître, ou Prétendre n'en point avoir, et ne vouloir pas obéir. On dit de même : Je ne connais de maître que vous, que lui, etc. Je ne connais ici d'autre maître que moi. Etc.
Il ne connaît plus rien, Sa passion le domine tellement qu'aucune considération n'est capable de l'arrêter. Sa fureur ne connaît plus rien.
CONNAÎTRE, signifie aussi, Avoir autorité pour juger de certaines matières. En ce sens, il se construit toujours avec de ou un équivalent. Ce juge connaît des matières civiles et criminelles. Il en connaît en première instance. Il en connaît par appel. Il ne peut pas connaître de cela.
CONNU, UE. part. passé. Le monde connu. Le plus grand des animaux connus. Il n'y a rien de si connu. C'est un homme connu. Il est connu de tous. Il est connu par son mérite. Ce nom m'est connu.
Il se dit substantivement et absolument Des choses que l'on connaît par opposition à celles qu'on ignore. Pour procéder méthodiquement, il faut aller du connu à l'inconnu.
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