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Les mots qui restent (1901) | |
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On lit dans les Pensées de Blaise Pascal (1re partie, chap. De la justice. Coutumes et préjugés) :
« Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence, un méridien décide de la vérité, en peu d'années de possession, les loix fondamentales changent, le droit a ses epoches, l'entrée de Saturne; au Lion nous marque l'origine d'un tel crime. Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au deçà (sic) des Pyrénées, erreur au delà. »
(Éd. A. Molinier, t.1, 1877, p. 92.)
Avant Pascal, Montaigne, remarquant que les lois changent avec les temps et avec les pays, avait écrit :
« Quelle bonté est ce, que io veoyois hier en crédit, et demain ne la sera plus ; et que le traject d'une rivière faict crime ? Quelle vérité est ce que ces montaignes bornent, mensonge au monde qui se tient au delà ? »
(Essais, livre II, ehap. xn ; éd. Lefèvre, 1823, t. III, P, 304.)
Pourquoi ne pas citer aussi ces réflexions de l'illustre Gobseck, exposant sa philosophie à l'avoué Derville, dans les Scènes de la vie privée, de Balzac :
« Mes principes ont varié comme ceux des hommes, j'en ai dû changer, à chaque latitude. Ce que l'Europe admire, l'Asie le punit, ce qui est un vice à Paris est une nécessité quand on a passé les Açores. Rien n'est fixe ici-bas, il n'y existe que des conventions qui se modifient suivant les climats. »
Balzac a daté Gobseck de janvier 1830.
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