L'Académie a refusé d'ouvrir les colonnes de son Dictionnaire au mot copain. Mais les écoliers, plus forts que l'Académie, se sont chargés de lui maintenir une place honorable dans le style familier.

Demandez à un petit collégien quel nom il donne à l'autre petit collégien, que des raisons de famille ou une simple conformité dans les goûts le portent à préférer aux autres, auquel il conte ses peines, avec lequel il partage ses confitures, ses nougats et ses... pensums, et auquel, dès le mois de janvier, il fait jurer de venir pêcher à la ligne, pendant les vacances, dans la rivière qui baigne le jardin de la maison paternelle : il vous répondra que c'est son copain. Et ce mot dit tant de choses, pour quiconque a vécu sur les bancs d'une école, qu'il serait cruel de le bannir de la langue.

Du reste, copain a des droits incontestables à la bienveillance des linguistes. Il descend en droite ligne du latin comes et n'est qu'une abréviation du vieux mot français compain, qui signifiait compagnon. — Compain est certes plus joli que compagnon, et copain est plus joli que compain.