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Les mots qui restent (1901) | |
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Épave du style déclamatoire, qui, grâce à la pléiade romantique, aux Jeune-France, bousingots, etc., brilla d'un éclat nonpareil à la fin de la Restauration et dans les premières années du règne de Louis-Philippe.
Une des curieuses caricatures publiées par le Figaro en 1832 (n° 8 de la série), portait ironiquement comme titre et comme légende : Maison de santé. — Les patriotes pourrissant sur la paille humide des cachots.
Ce dessin, décrit dans le n° du 12 décembre 1832, représentait des patriotes, victimes d'une société inhumaine, achevant un souper en joyeuse compagnie.
« Vous croiriez que c'est une orgie, disait-on dans l'article ; point. C'est une réunion de patriotes pourrissant sur 1a paille humide des cachots.
» Où donc est la paille humide, où est le martyre,... où est le cachot ? Ma foi, demandez-le à ces pauvres et malheureux patriotes qui gémissent d'une si joyeuse façon : ils vous feront une élégie sur leur misérable condition.
» Car c'est une vieille et classique fiction républicaine que celle des fers et de la paille humide des cachots...
» Ce sont les bateleurs et saltimbanques de l'emprisonnement. »
On pourrait faire remonter cette formule aux récits plus ou moins véridiques qui furent faits, au lendemain de la prise de la Bastille, des horreurs que recelait cette mystérieuse prison.
Voici la description que donnait le Moniteur du 24 juillet 1789, des cachots de cet « antre du despotisme », où l'on trouva des « entraves faisant le tourment des condamnés », un « corselet de fer » et autres « machines non moins cruellement combinées » :
« Le malheureux habitant d'un de ces lieux horribles, privé d'air et de la clarté du jour, plongé dans une atmosphère infecte et humide, au milieu d'un limon où pullulaient les crapauds, entouré de rats et d'araignées, y trouvait bientôt la fin de sa déplorable existence. L'ameublement de ces antres hideux consistait en une énorme pierre recouverte de paille, qui servait de lit aux prisonniers. »
M. Frantz Funck-Brentano, dans ses Légendes et archives de la Bastille (chap. II, et chap. VII, p. 266), et M. Sardou, dans la préface de ce curieux volume, ont fait justice de ces récits fabuleux, que M. Louis Blanc s'est empressé d'accueillir avec une complaisante crédulité.
Cet historien parle de chaînes usées par des mains innocentes : elles provenaient de deux statues de captifs placées près de l'horloge. Le cercle de fer rivé au corps de Latude était un bandage orthopédique. Un prétendu instrument de torture était un pacifique tourne-broche, et le fameux corselet de fer, un fragment d'armure du XVe siècle.
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