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Les mots qui restent (1901) | |
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Dans sa brochure l'Homme-femme, qui fit, en 1872, une si vive sensation dans les salons parisiens (surtout dans ceux où l'adultère rencontre quelque sympathie), M. Alexandre Dumas fils discutait les éternels problèmes relatifs à la situation de la femme dans la société, au mariage et aux accidents qu'il trahie souvent à sa suite.
Cette longue dissertation était une réponse à un article de M. Henry d'Ideville, publié dans le Soir du 6 juillet, à propos de cette triste affaire Dubourg, dans laquelle un mari trompé avait lâchement assassiné sa femme, ce qui lui avait valu cinq ans de réclusion. (Voy. la Gazette des tribunaux des 15 et 16 juin.)
M. d'Ideville se déclarait partisan du pardon, en s'appuyant sur cette parole du Christ : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.» (Saint Jean, chap. VIII, v. 7.) M. Dumas concluait au contraire en adressant ce conseil impitoyable à celui dont la femme a déshonoré son foyer :
« Si rien ne peut l'empêcher de prostituer ton nom avec son corps ;... déclare-toi personnellement, au nom de ton Maître, le juge et l'exécuteur de cette créature. Ce n'est pas la femme, ce n'est même pas une femme ; elle n'est pas la conception divine, elle est purement animale; c'est la guenon du pays de Nod, c'est la femelle de Caïn ; — TUE-LA ! » (P. 175-176.)
Peu de temps après, M. Dumas fils soutenait la même thèse au théâtre, dans la Femme de Claude, comédie en trois actes jouée au Gymnase le 16 janvier 1873.
Bien qu'il ne soit peut-être pas sans danger de présenter comme un acte de froide justice, presque comme l'accomplissement d'un devoir, un crime que peut seul excuser l'excès de la colère, il y a fort apparence que la brochure de M. Dumas a fait couler plus d'encre que de sang. Elle provoqua plusieurs réponses, dont la plus remarquée fut celle que M. Emile de Girardin publia sous le titre : L'Homme et la femme. L'homme suzerain. La femme vassale.
M. de Girardin, lui, n'était ni pour le pardon ni pour le meurtre. Il préconisait comme remède préventif, et souverain selon lui, un principe qu'il avait jadis proclamé et qu'il résumait en ces mots un peu obscurs : La liberté dans le mariage par l'égalité des enfants devant la femme.
Le 17 août 1872, on donna au Palais-Royal un petit acte au titre démesurément long ; Tue-la ! ou elle te tuera ! ou l'Homme-femme ! ou la Femme-homme ! ou Ni homme ni femme! ou Alexandre embêté par Emile! ou Emile embêté par Alexandre! Scènes de la vie conjugale, par ***.
Il résulte des appréciations de la presse, d'ailleurs très rares, sur ce vaudeville, que l'auteur avait bien fait de garder l'anonyme.
N'oublions pas une spirituelle caricature d'Alfred Le Petit dans le Grelot du 28 juillet 1872, où l'on voyait M. Dumas offrant comme cadeau de noces à un fils qu'il aurait pu avoir, un exemplaire de sa brochure avec un immense couteau destiné au châtiment de la femme coupable.
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