s. f. Pièce de bois, de fer, etc., étroite et longue.
Barre de bois. Barre de fer. Mettre une barre d'appui à une fenêtre. Il serait malaisé d'enfoncer cette porte, il y a une bonne barre derrière. Donner des coups de barre à quelqu'un. Assommer à coups de barre. Barre d'or. Barre d'argent. Or, argent en barre.
Fig. et fam., C'est de l'or en barre, de l'argent en barre, se dit D'une promesse sur laquelle on peut compter, d'un billet, d'un effet de commerce qui sera bien payé, d'une marchandise dont le débit est sûr et facile.
Prov., Cet homme est raide comme une barre de fer, ou fig., Cet homme est une barre de fer, est une barre, Il est inflexible, intraitable, inébranlable.
Jeter la barre, lancer la barre, Sorte de jeu auquel on s'exerçait autrefois, et dont l'usage subsiste encore dans quelques provinces.
En termes de Marine, La barre du gouvernail, La barre qui sert à diriger, à faire mouvoir le gouvernail. Les barres du cabestan, Les barres dont on se sert pour virer au cabestan.
En termes d'Imprimerie, La barre du châssis, La pièce de fer qui traverse, dans le sens de la hauteur ou de la largeur, le châssis dans lequel on assemble, on impose les pages.
BARRE, se dit particulièrement d'une pièce de fer longue et carrée, qui se pose, dans le foyer, en travers des chenets, pour soutenir les bûches et les tisons. Si vous ne mettez pas la barre, ces tisons vont rouler dans la chambre.
Il se dit encore, particulièrement, d'Une pièce de bois transversale qui serre et soutient les fonds d'un tonneau par le milieu. Il faut percer ce muid au-dessus de la barre, au-dessous de la barre. Ce vin est à la barre.
Il se dit aussi de Ces longues pièces de bois rondes qu'on suspend horizontalement à deux cordes, pour séparer les chevaux, dans les écuries. Ce cheval s'est blessé, parce qu'il s'est pris dans sa barre. Ces chevaux se battraient, il faut leur mettre des barres.
BARRE, se dit en outre de La petite barrière qui ferme l'entrée de l'enceinte où siègent les membres d'un tribunal, d'une assemblée politique. Les comparutions en personne ont lieu à la barre. Toute pétition à l'une des deux chambres doit être présentée par écrit : la loi interdit d'en apporter en personne et à la barre. La barre de la cour. On l'a mandé à la barre. Il a parlé à la barre.
BARRE, se dit, figurément, d'Un trait de plume, de crayon, etc., que l'on fait pour annuler, biffer ou souligner, pour séparer, marquer, noter, etc. Faire une barre sur un billet acquitté. Tirer une barre sur les passages qu'on veut retrancher. Faites une barre sous ces trois mots, c'est une citation. On met une barre sous les mots qui doivent être imprimés en italiques. Dans les airs notés, les mesures sont séparées par des barres qui coupent la portée de distance en distance. Faire des barres sur la muraille avec de la craie, avec du charbon, pour indiquer le nombre des points gagnés ou perdus dans une partie. Mettez une petite barre à côté de ce nom-là. Tirer une barre à la fin d'un écrit, d'un chapitre. Fermer la liste des membres présents en tirant une barre, ou absolument, Tirer la barre. Vous arrivez trop tard, la barre est tirée.
Il se dit également Des premiers exercices que l'on fait faire ordinairement aux écoliers pour leur apprendre l'écriture, et qui consistent en une suite de traits droits et parallèles. Cet écolier ne fait encore que des barres.
BARRE, en termes de Blason, désigne Une des pièces de l'écu, laquelle va du haut de la partie gauche au bas de la partie droite. Il porte de gueules à la barre d'argent. C'est l'opposé de Bande.
Avoir une barre sur son écu, Être bâtard ou d'origine bâtarde.
BARRE, en termes de Marine, Amas, de sable, de roches, ou même de vase, qui barre l'entrée d'une rivière ou d'un port en tout ou en partie, et force, lorsqu'elle est continue, d'alléger les bâtiments ou d'attendre la marée. La barre de Bayonne, de San-Lucar, du Sénégal, etc.
Il se dit aussi, dans la Seine, Des premières lames que la marée montante pousse impétueusement devant elle.
BARRES, au pluriel, se dit d'Un jeu de course entre des écoliers ou des jeunes gens qui se partagent entre deux camps opposés, marqués ordinairement par un sillon, par une branche de feuillage, etc. : dans les courses on observe certaines règles, et chaque parti s'efforce de faire des prisonniers à l'autre. Jouer aux barres.
Toucher barres, Atteindre la marque du camp auquel on appartient, et où l'on est dès lors en sûreté.
Barres forcées, Celles où l'on ne délivre point les prisonniers, et qui ne se terminent que lorsque tous les champions d'un camp ont été successivement pris par ceux de l'autre camp.
Fig. et fam., Jouer aux barres, se dit De deux personnes qui se cherchent sans se trouver. J'étais allé chez vous pour vous voir ; pendant ce temps-là, vous êtes venu chez moi : nous avons joué aux barres.
Fig. et fam., Partir de barres, Sortir au moment précis où l'on doit se mettre en route; ou Faire une première démarche, entamer une affaire.
Fig. et fam., Avoir barres sur quelqu'un, Avoir sur lui quelque avantage, comme le joueur de barres sur ceux de ses adversaires qui sont partis avant lui.
Fig. et fam., Ne faire que toucher barres, Ne point s'arrêter dans un endroit, en repartir presque aussitôt après y être arrivé; de même qu'au jeu de barres, les joueurs qui rentrent au camp ne font souvent que toucher la limite, et repartent aussitôt. Je n'ai pas été longtemps à sa campagne ; je n'ai fait que toucher barres, et je suis revenu.
BARRES, se dit encore, au pluriel, de Cette partie de la mâchoire du cheval, sur laquelle le mors appuie. Ce cheval a les barres usées, échauffées. Il faut ménager les barres d'un jeune cheval.