v. a. Consumer ou endommager par le feu.
Brûler une maison. Brûler des vaisseaux. Brûler des papiers. Brûler une lettre. Chez les Grecs et chez les Romains, on brûlait ordinairement les morts. Il fut brûlé vif, brûlé à petit feu. Ces étincelles ont brûlé le bas de ma robe. Brûler de l'encens devant une idole. Brûler des parfums, des pastilles pour répandre une bonne odeur.
Il se dit particulièrement De l'impression douloureuse et de l'altération que produit à la peau le contact du feu ou d'un corps extrêmement chaud. Ce tison m'a brûlé. Cette étincelle m'a brûlé à la main. J'ai touché un fer chaud qui m'a brûlé.
Il signifie aussi, Faire du feu de quelque chose. Dans ce pays, on ne brûle que du charbon de terre, que de la tourbe. Brûler du bois, de la paille. Bois à brûler. Mottes à brûler.
Prov. et fig., J'y réussirai ou j'y brûlerai mes livres, Je mettrai tout en œuvre pour le succès de cette affaire.
Prov. et fig., Brûler ses vaisseaux, S'engager dans une affaire, dans une entreprise, de manière à s'ôter tout moyen d'y renoncer ou de s'en désister. Par cette démarche hardie, il vient de brûler ses vaisseaux, et il ne peut plus reculer.
Fig., Brûler de l'encens devant quelqu'un, L'aduler, le flagorner avec de grandes démonstrations de respect.
Brûler de la cire, brûler de la chandelle, brûler de l'huile, Se servir de bougie, de chandelle, d'une lampe à huile pour éclairer. On ne brûle dans cette maison que de l'huile, que de la cire. De l'huile à brûler.
Prov. et fig., Brûler la chandelle par les deux bouts, Consumer son bien en faisant différentes sortes de dépenses également ruineuses ; ou Se livrer à la fois à des excès de genres différents.
Brûler du vin, Mettre du vin sur le feu pour le distiller et en faire de l'eau-de-vie.
Brûler de l'eau-de-vie, de l'esprit-de-vin, Mettre le feu à une certaine quantité d'eau-de-vie, d'esprit-de-vin, contenue dans un vase.
Brûler du café, Donner aux grains du café le degré de cuisson nécessaire.
Ils s'emparèrent de la ville sans brûler une amorce, Sans tirer un coup de fusil.
Brûler la cervelle à quelqu'un, Lui casser la tête d'un coup de pistolet tiré à bout portant. On dit de même, Se brûler la cervelle.
Prov., Tirer un coup à brûle-pourpoint, Le tirer à bout portant ou de très près.
Fig. et fam., Tirer sur quelqu'un à brûle-pourpoint, lui dire quelque chose à brûle-pourpoint, Lui dire en face quelque chose de dur, de désobligeant. Il lui a dit ses vérités à brûle-pourpoint. On dit de même, Y aller à brûle-pourpoint, Parler ou agir sans ménagement. On dit aussi : Ce qu'il vous dit là est à brûle-pourpoint, Est trop dur, trop grossier pour être dit en face. C'est une raison à brûle-pourpoint, un argument à brûle-pourpoint, C'est une raison convaincante, un argument sans réplique.
Fig. et fam., Brûler un gîte, une poste, l'étape, la dînée, Passer outre sans s'arrêter à un gîte, à une poste, à l'étape, au lieu de la dînée.
Fig. et pop., Brûler la politesse à quelqu'un, Le quitter, s'en aller, partir sans lui dire adieu, sans le prévenir.
Fig., à certains Jeux de cartes, Brûler une carte, La mettre de côté, parce qu'elle a été vue, ou parce que le joueur à qui on la propose, use du droit de la refuser. Cette carte a été vue, brûlez-la. Vous ne voulez pas de la première carte : je la brûle.
BRÛLER, se dit également Des substances qui ont la propriété d'agir comme le feu, en consumant et corrodant les matières animales ou végétales. Les acides concentrés brûlent la peau. Brûler une excroissance de chair avec la pierre infernale. L'eau-forte brûle le linge.
BRÛLER se dit quelquefois par une sorte d'exagération, et signifie, Échauffer excessivement, causer une violente chaleur, dessécher par une chaleur excessive. Cela me brûle, me brûle les mains. Cela brûle le sang. Cette liqueur me brûle le palais, le gosier, l'estomac. Il a une fièvre qui le brûle. Le soleil a brûlé toute la campagne. Le soleil lui a brûlé le teint. L'ardeur du soleil brûle les plantes.
Fig., Ce cheval brûle le pavé, Il court très vite. J'ai vu un tel passer dans son équipage, il brûlait le pavé, Ses chevaux allaient avec une extrême rapidité.
Fig., Son style brûle le papier, Son style est plein de chaleur.
Fig., Brûler les planches, signifie, au Théâtre, Jouer avec beaucoup de chaleur des scènes vives et animées.
BRÛLER, se dit par analogie, en parlant De l'effet d'un froid excessif. La gelée a brûlé la racine des arbres. La neige brûle les souliers.
BRÛLER, est aussi verbe neutre, et signifie, Être consumé par le feu. Voilà une maison qui brûle. On voyait de loin des vaisseaux qui brûlaient. Le bois sec brûle mieux que le bois vert. Faire brûler des pastilles, des parfums. Le coup n'est point parti, l'amorce seule a brûlé.
Il se dit particulièrement D'une chandelle, d'une bougie, d'une lampe, etc., qui est allumée. Il y a devant cet autel une lampe qui brûle toujours. Les cierges qui brûlaient autour du cercueil. Cette chandelle ne brûle pas, ne veut pas brûler. On dit de même : Le feu brûle bien, ne brûle pas, Le feu de la cheminée flambe, est animé, ou Il ne flambe pas, il n'est pas animé. Le feu sacré qui brûlait dans le temple de Vesta.
BRÛLER, signifie quelquefois simplement, Être fort chaud. Touchez ses mains, elles brûlent. Les mains lui brûlent.
Fig. et fam., Les mains lui brûlent, Il est impatient d'agir. Les pieds lui brûlent, Il est impatient de sortir, de s'en aller.
Prov. et fig., Le tapis brûle, se dit, à certains Jeux de cartes, Pour avertir qu'un des joueurs a oublié de mettre au jeu.
BRÛLER, neutre, se dit aussi Des mets auxquels l'action trop vive ou trop prolongée du feu donne une couleur rousse ou noire, et un goût désagréable. Vous avez laissé brûler ce rôti.
Prov. et fig., Le rôti brûle, Il n'y a pas de temps à perdre, il serait dangereux de tarder.
BRÛLER, neutre, signifie, au figuré, Être possédé d'une violente passion. Il brûle du désir de se signaler. C'est un homme qui brûle d'ambition. Il brûle d'amour. Il brûle pour elle. Il brûle de se venger.
Il se dit quelquefois pour exprimer simplement un grand désir, une extrême impatience de faire quelque chose. Je brûle de vous revoir. Je brûle d'aller là. Il brûle d'en finir. Vous me faites brûler à petit feu, Vous excitez trop longtemps mon impatience.
Il se dit encore à certains Jeux d'enfants, Lorsque celui qui cherche l'objet qu'on a caché et qu'il s'agit pour lui de découvrir vient à s'en approcher. Vous n'y êtes pas encore, mais vous brûlez.
BRÛLER, avec le pronom personnel, signifie Être brûlé ; ou simplement Être atteint par le feu, par un corps très chaud. Les papillons viennent se brûler à la chandelle. Tout un côté de sa perruque s'est brûlé. Se brûler en remuant un tison, en touchant un fer chaud. Se brûler à la main, à la jambe.
Prov. et fig., Se brûler, venir se brûler à la chandelle, se dit D'un homme qui, séduit par des apparences décevantes, s'engage, se jette dans une situation embarrassante ou périlleuse.
BRÛLÉ, ÉE. part. passé. Ce rôti ne vaut rien, il est brûlé. Ce pain est brûlé, la croûte en est toute brûlée. Avoir le teint brûlé par le soleil.
Vin brûlé, Vin qu'on a mis sur le feu avec des épices. Eau-de-vie brûlée, Eau-de-vie à laquelle on a mis le feu.
Crème brûlée, Sorte de mets délicat, qui se fait avec du lait, des œufs et du sucre passé au feu.
Fig., Carte brûlée, Carte mise de côté parce qu'elle a été vue.
Fig. et fam., Espion brûlé, Espion qui étant connu ne peut plus être employé.
Fig. et fam., Cerveau brûlé, cervelle brûlée, Homme extravagant, qui porte tout à l'excès.
BRÛLÉ, est aussi quelquefois substantif. Cette bouillie sent le brûlé, a un goût de brûlé.
Il sent ici le brûlé, On y sent l'odeur de quelque chose qui brûle, ou qui a été brûlé.