Cicéron appelle le sénat romain « temple de sainteté, de majesté, de sagesse, la tête de la République, l'autel des nations alliées de Rome, l'espoir et le refuge de tous les autres peuples. »

L'institution du sénat romain remontait à Romulus, c'est-à-dire à l'origine même de Rome. Sénat, sénateur ont pour racine senex, vieillard, homme sage.

Après la chute de la royauté, les nouveaux sénateurs, nommés par Brutus, reçurent le nom de pères-conscrits (patres conscripti), parce qu'alors on commença à tenir, dans l'enceinte du sénat, un registre où avait lieu l'inscription officielle de chaque sénateur.

Cette appellation a reparu chez nous avec l'établissement du sénat. Dans le langage familier, on donne quelquefois le nom de père-conscrit à un sénateur.

D'après son origine latine, conscrit veut dire inscrit.

Sous les empereurs romains, le sénat perdit tous les caractères de dignité et d'indépendance qui avaient fait sa gloire pendant les beaux siècles de Rome. Domitien tenait les sénateurs en si petite estime qu'il les convoqua un jour pour leur demander à quelle sauce il devait faire accommoder un turbot; et les sénateurs, dit-on, délibérèrent.

Sous le premier empire, un folliculaire caractérisa le sénat français par ces mots : « Si l'empereur faisait un p..., le sénat dirait qu'il sent bon. »

C'était peut-être trop énergique ; mais il faut avouer que le folliculaire pouvait avoir la tête échauffée, s'il venait de lire la fameuse proclamation du général baron de Lachaise :

« ... Nous savons tous que pour assurer le bonheur et la gloire de la France..., et fixer aussi la paix sur la terre, Dieu créa Bonaparte et se reposa. »

Un homme d'esprit, au lieu de s'emporter, ajouta a cette proclamation le distique suivant :

        Et pour être plus à son aise,
        Auparavant il fit Lachaise.