Coqueluche, coqueluchon, capuchon étaient autrefois synonymes.
Le capuchon était la couverture de tête qui faisait partie du vêlement des moines. Le mot et la chose existent encore.
Mézeray rapporte que, en 1414, la France fut désolée par une maladie épidémique qui se manifestait sous la forme d'un rhume violent, et fit tant de victimes que « le barreau et les collèges en furent muets. »
Cette épidémie reparut plusieurs fois en Europe, au quinzième et au seizième siècle, et emporta des milliers des personnes, entre autres Anne d'Autriche, femme de Philippe II.
En 1733, elle fit encore de grands ravages. Les Français, qui rient même en temps d'épidémie, la baptisèrent du nom de follette.
Elle en avait déjà un autre qui existe encore, coqueluche. Ménage rapporte que ce nom lui fut donné à son apparition, parce que ceux qui en étaient atteints se mirent à porter des coqueluches ou capuchons, pour se garantir la tête du froid. Et, comme la crainte de la mort elle-même n'est pas assez puissante pour bannir la coquetterie, les personnes riches portèrent des coqueluches de drap fin, rehaussées de broderies et couvertes d'ornements d'or ou d'argent.
Le danger passé, la mode du la coqueluche resta, et cette partie du vêtement devint bientôt l'article de toilette le plus recherché, le plus soigné, comme le petit manteau le fut plus tard sous Henri III. Il ne faut donc pas s'étonner si, par métonymie, le jeune élégant qui portait la plus belle coqueluche de la cour, de la ville ou du quartier, fut appelé tout court la plus belle coqueluche. Nous disons de même la plus belle voix, la plus fine lame, les gros bonnets, etc., pour désigner le meilleur chanteur, le meilleur bretteur, les personnages les plus importants.
Finalement, coqueluche de la cour, de la ville, du quartier, désigna l'homme à la mode, celui qui faisait tourner la tête aux femmes, et, par extension, la personne dont tout le monde s'entretenait.
On comprend maintenant comment la locution se coiffer, être coiffé de quelqu'un, fut entée sur la précédente. Une personne qui était la coqueluche d'une autre la coiffait; la seconde était coiffée de la première.
Béguin (autre espèce de coiffure) a servi, comme coqueluche, à créer une locution dont le sens est à peu près le même. On dit s'embéguiner d'une personne, d'une opinion.
S'enticher a une autre origine. Ce mot se dit des fruits qui se gâtent. S'enticher d'une opinion, d'une personne, signifie donc : se gâter l'esprit avec une opinion erronée, — se gâter le cœur par une mauvaise fréquentation.