Ce qui devrait aussi dégoûter les hommes de l'idée de patrie, c'est de voir en qui, le plus souvent, ils sont forcés de l'incarner. — G. Dupin.
Les peuples ont déjà payé bien cher, et sont désormais assurés de payer de toutes leurs existences l'ignominieux besoin d'être gouvernés. — Gustave Dupin.
Le soldat est un homme armé — généralement contre son gré — et qui, selon le pays d'où on te regarde est appelé à la fois défenseur et agresseur. — Gustave Dupin.
Hommes d'outre-Rhin! nos diplomates ont déclenché la guerre ce matin et déclarent que la parole est au canon. Désormais, donc, nous n'avons plus qu'une chose à faire : nous, nous en prendre à vous; vous, vous en prendre à nous. — Gustave Dupin.
La dignité collective ne peut être faite que de toutes les dignités particulières. Si vous assemblez des fruits sains, le monceau sera sain, mais si vous assemblez des fruits gâtés, le monceau sera pourri. — G. Dupin.
Les vieillards disent qu'il est beau de mourir pour la patrie, et ils le prouvent à l'aide des jeunes. — G. Dupin.
Il faut bien que les mots aient infiniment plus de puissance que les réalités, car pour persuader aux hommes qu'ils allaient combattre pour la liberté, on a commencé par la leur supprimer. — G. Dupin.
Il est difficile de comprendre ce qu'entendent nos patriotes par la défense de la tradition et de la race, lorsqu'on les a vus employer toutes les traditions et toutes les races pour ruiner les leurs. — G. Dupin.
Aller la nuit jeter des bombes sur des femmes et des enfants; se cacher dans les flancs d'un sous-marin pour guetter et couler des neutres; s'enivrer de gniole pour n'avoir plus aucun sentiment de pitié dans un nettoyage de tranchées, afin que des sportulaires écrivent que vous vous êtes « couverts de gloire »; j'en appelle à la civilisation future, c'était dans le refus d'accomplir ces actes que consistait le courage véritable. — Gustave Dupin.
Nous sommes obligés de blâmer même le soldat volontaire, parce que son intention est de faire la guerre, et finalement de tuer, ce qui est toujours un crime, mais nous ne pouvons lui dénier l'usage de sa liberté, tandis que la contrainte militariste organisée qui enrôle de force et dresse artificiellement des peuples les uns contre les autres, les avilit tous également. — Gustave Dupin.
Un homme peut haïr un autre homme; un homme peut tuer son semblable, oui. Mais les grands massacres collectifs n'existent naturellement pas. Il faut toute une organisation artificielle, savante et scientifique pour contraindre des troupeaux humains à se jeter les uns sur les autres. Et la preuve de cette facticité, c'est que la même organisation peut les précipiter là où elle veut et quand elle veut, et souvent contre l'ami d'autrefois. Cette organisation tétramorphe, c'est l'Etat, la Diplomatie, la Presse, l'Armée. — G. Dupin.
L'Europe offre une superficie de 10 millions de kilomètres carrés, et une population de 400 millions d'habitants. Sur cette étendue, ces hommes ne peuvent pas tous être nés à la même place, et c'est de cette impossibilité dont se servent leurs dirigeants pour les précipiter les uns contre les autres. —• Gustave Dupin.
C'est la Révolution et l'Empire qui ont rénové de l'antiquité l'entité Patrie, Moloch impitoyable et absurde qui sacrifie les hommes vivants à des abstractions sauvages qui viennent de Sparte en passant par Rome. — G. Dupin.
Peuples d'Europe... vous avez dépensé, d'abord préalablement, en surenchères aux armements pour préparer votre sabbat, environ 300 milliards dans les dix dernières années; — ensuite, une fois déchaînés, vous avez consacré entre vous environ 1.000 milliards en canons, poudres et fumées, ruines et massacres, qui, joints aux précédents, font un total de treize cents milliards. D'autre part, les estimations les plus modérées portant à treize millions le nombre de vos fils tués, il en résulte que c'est cent mille francs que vous devez payer chacun de vos cadavres. Cent mille francs pour tuer scientifiquement un homme qui ne demandait qu'à vivre naturellement, c'est un résultat! Une citoyenne tant soit peu spartiate peut être fière du prix que l'on a mis à la rendre veuve. — Gustave Dupin.
Un peuple qui se choisit des dirigeants qui lui préparent la guerre, n'est plus digne que de la faire. — Gustave Dupin.
Du moment que l'on accepte le mythe fondamental Patrie, le reste s'ensuit et les hommes obéissent quand on leur commande : Votre Mère est en danger, il faut la défendre. La Mère, en l'espèce, étant en fin de compte les quelques scélérats d'Etat dont la politique aboutit là. — G. Dupin.
Qu'est-ce que cette collectivité au nom de laquelle on fait à coup sûr le malheur de chacun? — G. Dupin.