Chacun de nous est esclave au nom de la volonté de tous, lesquels tous, pris isolément, voudraient le contraire exact de ce qu'on leur fait faire. — Edouard Rod.
Les peuples marchent grisés par les mots sonores et menteurs claironnés à leurs oreilles, sans révolte, passifs et résignés, alors qu'ils sont la masse et la force, et qu'ils pourraient, s'ils savaient s'entendre, établir le bon sens et la fraternité à la place des roueries sauvages de la diplomatie. — Edouard Rod.
La pensée recule devant une catastrophe qui apparaît au haut du siècle comme le seul terme du progrès de notre ère, et il faut s'y habituer pourtant; depuis vingt ans, toutes les forces du savoir s'épuisent à inventer des engins de destruction et, bientôt, quelques coups de canon suffiront pour abattre une armée : on a mis sous les armes, non plus comme autrefois, des milliers de pauvres diables dont on payait le sang, mais des peuples entiers qui vont s'entr'égorger, on leur vole du temps en les obligeant à servir pour leur voler plus sûrement leur vie; pour les préparer au massacre, on attise leur haine en les persuadant qu'ils sont haïs; et des hommes doux se laissent prendre au jeu, et l'on va voir se jeter l'une sur l'autre, avec des férocités de bêtes fauves, des troupes furieuses de paisibles citoyens auxquels un ordre inepte met le fusil à la main, Dieu sait pour quel ridicule incident de frontières ou pour quels mercantiles intérêts coloniaux! — Edouard Rod.
Qui donc prétendra que l'état de guerre dans lequel nous vivons, soit un bien et soit conforme à la religion de paix que devrait être le christianisme? — Edouard Rod.
Ils marchent tellement trompés, tellement dupés, qu'ils croient le carnage un devoir et demandent à Dieu de bénir leurs sanguinaires exploits! — Edouard Rod.
Les déclamateurs à gages, les ambitieux exploiteurs des mauvais penchants des foules, et les pauvres d'esprit que trompe la sonorité des mots, ont tellement envenimé les haines nationales, que la guerre de demain jouera l'existence d'une race... L'on verra se former une Europe nouvelle, sur des bases telles, si injustes, si brutales, si sanglantes, souillées d'une si monstrueuse tache, qu'elle ne peut qu'être pire encore que celle d'aujourd'hui. — Edouard Rod.