Se mettre
sur son trente-et-un, c'est se mettre en grande toilette pour rendre une visite, assister à un baptême, à une noce, etc.
Trente-et-un ou trente-un est une corruption de trentain.
Au moyen âge, des règlements fort sévères punissaient, non-seulement les ouvriers qui avaient employé dans leur fabrication des matières premières avariées, mais encore ceux qui ne donnaient pas à leurs produits les formes et les dimensions requises. En ce qui concernait les tisserands en laine, ces règlements allaient jusqu'à fixer le nombre des fils dont devait se composer la trame. On trouve à ce sujet des détails curieux dans l'Histoire de l'industrie française, d'Alexis Monteil. Le collage de la chaine, le foulage, le foutrage, le soufrage, le calendrage, tout est prévu, sans oublier la longueur et la largeur de la pièce ; et le contrevenant pouvait être condamné, on certains cas, à avoir le poing coupé, « ce qui était bien fait, car les honnêtes tisserands voulaient conserver leurs deux mains. »
Suivant la qualité des draps, la trame devait se composer de quatorze cents ou de dix-huit cents fils. Pour le drap fin destiné aux vêtements de luxe, le nombre des fils était de trente fois cent fils; ce qui fit donner à ce drap le nom de trentain.
Porter du trentain était donc le fait d'un homme riche qui ne regardait pas aux dépenses de toilette.
Trentain, terme technique, se métamorphosa facilement en trente-un dans la bouche de ceux qui ne connaissaient pas l'origine de cette appellation ; et, comme l'usage a prévalu de dire trente-et-un, ces mots sont restés pour désigner une toilette soignée.