Homère donne le nom de
héros aux hommes qui se distinguent par leur force, leur courage et leurs exploits ; Hésiode désigne spécialement par ce mot les enfants d'un dieu et d'une mortelle. Le type d'Hercule répond à la fois à l'une et à l'autre de ces conceptions.
La légende d'Hercule avec des variantes, des amplifications, se retrouve chez presque tous les peuples de l'antiquité, en Égypte, en Crète, en Phénicie, aux Indes et même en Gaule. Cicéron compte six héros du nom d'Hercule, Varron en compte quarante-trois. Le plus connu, celui qu'honoraient les Grecs et les Romains, et auquel se rapportent presque tous les monuments, est incontestablement l'Hercule Thébain, fils de Jupiter et d'Alcmène, femme d'Amphitryon.
Thébain par sa naissance, il est cependant Argien d'origine. Par Alcmène et Amphitryon, il appartenait à la famille de Persée, et, du nom de son grand-père paternel Alcée, il est très souvent désigné sous celui d'Alcide.
Amphitryon, fils d'Alcée et petit-fils de Persée, ayant tué, par mégarde, Électryon, roi de Mycènes, son oncle, père d'Alcmène, s'éloigna d'Argus, sa patrie, et se retira à Thèbes où il épousa sa cousine. Celle-ci mit à ce mariage une condition, c'est qu'Amphitryon irait venger la mort de son frère tué par les Téléboens, habitants de petites îles de la mer Ionienne, voisines d'Ithaque. Ce fut pendant cette expédition que Jupiter vint trouver Alcmène sous les traits d'Amphitryon, et la rendit mère d'Hercule, nom qui signifie :
Gloire d'Hèra ou
de Junon.
En même temps qu'Hercule Alcmène mit au monde Iphiclus. Amphitryon, voulant savoir lequel des deux jumeaux était son fils, dit Apollodore, envoya auprès de leur berceau deux serpents : Iphiclus parut saisi de frayeur et voulut s'enfuir ; quant à Hercule, il étrangla les deux serpents, et montra, dès sa naissance, qu'il était digne d'avoir Jupiter pour père.
Mais la plupart des mythologues disent que ce fut Junon qui, dès les premiers jours d'Hercule, donna des preuves éclatantes de la haine qu'elle lui portait à cause de sa mère, en envoyant deux horribles dragons dans son berceau pour le faire dévorer ; mais l'enfant, sans s'émouvoir, les prit à belles mains et les mit en pièces. La déesse se radoucit, et, à la prière de Pallas, consentit même à lui donner de son lait pour le rendre immortel. C’est alors que le lait de la déesse, attiré fortement par Hercule, rejaillit dans le ciel et forma la Voie lactée.
Le jeune héros eut plusieurs maîtres : il apprit à tirer de l'arc de Rhadamanthe, de Castor à combattre tout armé ; le centaure Chiron fut son maître en astronomie et en médecine ; Linus, fils d'Isménius, petit-fils d'Apollon, lui enseigna à jouer d'un instrument qui se touchait avec l'archet, et, comme Hercule détonnait en touchant, Linus l'en reprit avec quelque sévérité ; Hercule, peu docile, ne put souffrir la réprimande, lui jeta son instrument à la tête, et le tua du coup.
Il devint d'une taille extraordinaire et d'une force de corps incroyable. C'était aussi un grand mangeur et un grand buveur. Un jour, ayant faim, il tua un bœuf et le mangea. Pour boire il avait un gobelet énorme ; il fallait deux hommes pour le porter ; quant à lui, il n'avait besoin que d'une main pour s'en servir lorsqu'il le vidait.
L'apologue de Prodicus, reproduit par Xénophon, mérite d'être ici raconté :
« Hercule, étant devenu grand, se retira en un lieu à l'écart, pour penser à quel genre de vie il se donnerait : alors lui apparurent deux femmes de grande stature, dont l'une fort belle, qui était la Vertu, avait un visage majestueux et plein de dignité, la pudeur dans les yeux, la modestie dans tous ses gestes, et la robe blanche. L'autre, qu'on appelle la
Mollesse ou la
Volupté, était dans un grand embonpoint et d'une couleur plus relevée : ses regards libres et ses habits magnifiques la faisaient connaître pour ce qu'elle était. Chacune des deux tâcha de le gagner par ses promesses. Il se détermina enfin à suivre le parti de la
Vertu, qui se prend ici pour la
Valeur. » On voit, sur une médaille, Hercule assis entre Minerve et Vénus ; l'une, reconnaissable à son casque et à sa pique, est l'image de la Vertu ; l'autre, précédée de Cupidon, est le symbole de la Volupté.
Ayant donc embrassé, de son propre choix, un genre de vie dur et laborieux, il alla se présenter à Eurysthée, roi de Mycènes, sous les ordres de qui il devait entreprendre ses combats et ses travaux, par le sort de sa naissance.
Eurysthée était le fils de Sthénélus et de Micippe, fille de Pélops. Jupiter ayant juré que, de deux garçons qui allaient naître, l'un fils de Sthénélus, l'autre d'Alcmène, celui qui le premier verrait le jour obtiendrait l'empire sur l'autre, Junon, qui était irritée contre Alcmène, se vengea sur son fils, avança la naissance d'Eurysthée, et lui procura la supériorité sur son concurrent. Ce prince politique, jaloux de la réputation d'Hercule, et craignant d'être un jour détrôné, le persécuta sans relâche, et eut soin de lui donner assez d'occupations hors de ses États pour lui ôter le moyen de troubler son gouvernement. Il exerça son grand courage et ses forces dans des entreprises également délicates et dangereuses ; c'est ce qu'on appelle les
Travaux d'Hercule. Ils sont au nombre de douze.
- Le
premier est le combat contre le lion de Némée.
Dans une forêt voisine de Némée, ville de l'Argolide, était un lion d'une taille énorme qui dévastait le pays. Hercule, à l'âge de seize ans, attaqua ce monstre, épuisa son carquois contre sa peau impénétrable aux traits, et brisa sur lui sa massue de fer. Enfin, après beaucoup d'efforts inutiles, il saisit le lion, le déchira de ses mains, et avec ses ongles lui enleva la peau qui depuis lui servit de bouclier et de vêtement.
- Le
second est le combat contre l'hydre de Lerne.
Sur le territoire d'Argos se trouvait le lac de Lerne, dont le circuit, dit Pausanias, n'avait guère plus d'un tiers de stade. C'était donc une grande mare profonde, d'environ 62 mètres de tour. Dans cette sorte de cloaque marécageux, vivait une hydre redoutable, monstre à plusieurs têtes. Les uns lui en donnent sept, d'autres neuf, d'autres cinquante. Quand on en coupait une, on en voyait renaître autant qu'il en restait après celle-là, à moins qu'on n'appliquât le feu à la plaie. Le venin de ce monstre était si subtil, qu'une flèche qui en était frottée donnait infailliblement la mort. Cette hydre ravageait les campagnes et les troupeaux.
Pour la combattre, Hercule monta sur son char. Iotas, son neveu, fils d'Iphiclus, lui servit de cocher. Junon, voyant Hercule près de triompher du monstre, avait envoyé au secours de l'hydre un cancre marin, qui le piqua au pied. Hercule l'ayant aussitôt écrasé, la déesse le plaça parmi les astres, où il forme le signe de l'Écrevisse. L'hydre fut tuée ensuite sans obstacle : Hercule lui abattit toutes ses têtes d'un seul coup.
- Le
troisième consistait à tuer le sanglier d'Érymanthe.
Érymanthe est une montagne d'Arcadie, célèbre par un sanglier qui en ravageait les environs. Hercule prit ce terrible animal vivant ; et Eurysthée, voyant le héros porter ce sanglier sur ses épaules, fut saisi de frayeur, et alla se cacher sous une cuve d'airain.
- Le
quatrième lui assura sa victoire sur la biche aux pieds d'airain.
Sur les pentes et dans les vallées du mont Ménale, en Arcadie, se trouvait une biche aux pieds d'airain et aux cornes d'or, si rapide à la course, que personne n'avait pu l'atteindre. Elle donna au héros beaucoup de peine, parce que, sachant qu'elle était consacrée à Diane, il ne voulait pas la percer de ses flèches. Il la poursuivit donc ardemment, et finit par la prendre au moment où elle traversait le Ladon.
- Le
cinquième fut l'extermination des oiseaux du lac Stymphale.
En Arcadie, sur le lac Stymphale, il y avait des oiseaux monstrueux, dont les ailes, la tête et le bec étaient de fer, les ongles crochus et acérés. Ils lançaient des dards de fer contre ceux qui les attaquaient ; le dieu Mars les avait lui-même dressés au combat. Ils étaient en si grand nombre, et d'une grosseur si extraordinaire que, lorsqu'ils volaient, leurs ailes interceptaient la clarté du soleil. Hercule, ayant reçu de Minerve des cymbales d'airain propres à épouvanter ces oiseaux, s'en servit pour les attirer hors du bois où ils se retiraient, et les extermina à coup de flèches.
- Dans le
sixième, il dompta le taureau de l’île de Crète envoyé par Neptune contre Minos, et l'amena à Eurysthée. Celui-ci laissa échapper ce redoutable animal qui alla ravager la plaine de Marathon. Hercule dut entreprendre une nouvelle lutte contre ce taureau, et le mit finalement, à mort.
- Dans le
septième, il enleva les cavales de Diomède.
Diomède, roi de Thrace, fils de Mars et de Cyrène, avait des chevaux furieux qui vomissaient feu et flamme. Il les nourrissait, dit-on, de chair humaine et leur donnait à dévorer tous les étrangers qui avaient le malheur de tomber entre ses mains. Hercule prit Diomède, le fit dévorer par ses propres chevaux, les amena ensuite à Eurysthée, et les lâcha sur le mont Olympe où ils furent dévorés par les bêtes sauvages.
Ce fut dans cette expédition qu'Hercule bâtit en Thrace la ville d' Abdère, en mémoire de son ami Abdérus que les chevaux de Diomède avaient dévoré.
- Le
huitième des travaux d'Hercule est sa victoire sur les Amazones.
La nation des Amazones, établie sur les bords et dans le voisinage du Pont Euxin, en Asie et en Europe, était devenue redoutable. Ces femmes guerrières ne vivaient que de pillage et des produits de leur chasse. Elles étaient vêtues de peaux de bêtes sauvages ; leur vêtement, agrafé sur l'épaule gauche et retombant jusqu'au genou, laissait à découvert toute la partie droite du corps. Leur armure se composait d'un arc, d'un carquois garni de flèches ou javelines, et d'une hache. Leur bouclier avait la forme d'un croissant, et environ un pied et demi de diamètre. En guerre, leur reine portait un corselet formé de petites écailles de fer, attaché avec une ceinture ; toutes portaient un casque orné de plumes, plus ou moins brillantes, insignes de leur rang ou de leur dignité. Souvent elles étaient à cheval ; mais elles combattaient aussi à pied. Avec leur reine Penthésilée, elles étaient allées au secours de Troie ; une de leurs reines, Harpalyce, célèbre par la légèreté de sa course, réduisit en son pouvoir toute la Thrace. Au temps d'Hercule, elles obéissaient à la reine Hippolyte.
Eurysthée ayant commandé au héros de lui apporter la ceinture de cette princesse, Hercule alla chercher ces guerrières, tua Mygdon et Arnycus, frères d'Hippolyte, qui lui disputaient le passage, défit les Amazones, et enleva leur reine qu'il fit épouser à son ami Thésée.
- Dans le
neuvième de ses travaux, il nettoya les écuries d'Augias.
Roi d'Élide et fils du Soleil, Augias, un des Argonautes, avait des étables qui contenaient trois mille bœufs, et qui n'avaient point été nettoyées depuis trente ans. Ayant appris l'arrivée d'Hercule dans ses États, il lui proposa de les nettoyer, sous la promesse du dixième de son troupeau. Le héros détourna le fleuve Alphée, et le fit passer à travers les étables. Le fumier emporté, et l'air nettoyé, Hercule se présenta pour recevoir le prix de son travail. Augias hésitant, et n'osant le refuser ouvertement, le renvoya au jugement de son fils Philée. Celui-ci décida en faveur d'Hercule. Son père le chassa de sa présence, et l'obligea de se réfugier dans l'île de Dulichie. Hercule, indigné de ce procédé, pilla la ville d'Élis, tua Augias, rappela Philée, et lui donna les États de son père.
- Dans le
dixième, il combattit Géryon, et emmena ses bœufs. Géryon, fils de Chrysaor et de Callirhoé était, suivant Hésiode, le plus fort de tous les hommes et roi d'Érythie, contrée d'Espagne, voisine de l'Océan. Les poètes venus après Hésiode en ont fait un géant à trois corps, qui avait, pour garder ses troupeaux, un chien à deux têtes et un dragon à sept. Hercule le tua avec ses gardiens, et emmena ses bœufs.
- Dans le
onzième, il enleva les pommes d'or du jardin des Hespérides, filles d'Atlas.
- Dans le
douzième, il retira Thésée des Enfers.
On lui attribua bien d'autres actions mémorables ; chaque pays et presque toutes les villes de la Grèce se faisaient honneur d'avoir été le théâtre de quelque fait merveilleux de ce héros. Ainsi il extermina les Centaures, tua Busiris, Antée, Hippocoon, Eurytus, Périclymène, Éryx, Lycus, Cacus, Laomédon, etc... ; il arracha Cerbère des enfers ; il en retira Alceste ; il délivra Hésione du monstre qui allait la dévorer, et Prométhée de l'aigle qui lui mangeait le foie ; il soulagea Atlas, qui pliait sous le poids du ciel dont ses épaules étaient chargées ; il sépara ces deux montagnes depuis appelées les
Colonnes d'Hercule ; il combattit contre le fleuve Achéloüs à qui il enleva une de ses cornes ; enfin il alla jusqu'à combattre contre les dieux mêmes.
Homère dit que ce héros, pour se venger des persécutions que Junon lui avait suscitées, tira contre cette déesse une flèche à trois pointes qui la blessa grièvement. Le même poète ajoute que Pluton fut aussi blessé d'un coup de flèche à l'épaule, dans la sombre demeure des morts, et qu'il fut obligé de monter au ciel pour se faire guérir par le médecin des dieux. Un jour qu'il se trouvait incommodé des ardeurs du soleil, il se mit en colère contre cet astre, et tendit son arc pour tirer contre lui. Le Soleil, admirant son grand courage, lui fit présent d'un gobelet d'or sur lequel, dit Phérécide, il s'embarqua. (Le mot grec
Scaphos signifie à la fois une
barque ou un
gobelet.)
Enfin, Hercule s'étant présenté aux jeux olympiques pour disputer le prix, et personne n'osant concourir avec lui, Jupiter lui-même voulut lutter contre son fils, sous la figure d'un athlète ; et, comme, après un long combat, l'avantage fut égal des deux côtés, le dieu se fit connaître, et félicita son fils sur sa force et sa valeur.
Hercule eut plusieurs femmes : les plus connues sont Mégare, Omphale, Iole, Épicaste, Parthénope, Augé, Astiochée, Astydamie, Déjanire, et la jeune Hébé qu'il épousa dans le ciel, sans compter les cinquante filles de Thespius, roi d'Étolie. Combien d'enfants laissa-t-il après lui ? La Mythologie ne les a pas énumérés. On lui en supposa un grand nombre. Et, dans la suite, beaucoup de grandes familles se firent un honneur de descendre de ce héros.
La mort d’Hercule fut un effet de la vengeance du Centaure Nessus et de la jalousie de Déjanire.
Cette princesse, fille d'Œnée, roi de Calydon en Étolie, fut d'abord fiancée à Achéloüs, ce qui excita une querelle entre ce fleuve et le héros. Achéloüs ayant été vaincu dans un combat singulier, bien qu'il eût pris la forme d'un serpent, Déjanire fut le prix du vainqueur qui l'emmenait dans sa patrie, lorsqu'il fut arrêté par le fleuve Evenus dont les eaux étaient extrêmement grossies. Comme il délibérait s'il retournerait sur ses pas, le Centaure Nessus vint s'offrir de lui-même pour passer Déjanire sur son dos. Hercule, y ayant consenti, traversa le fleuve le premier : arrivé à l'autre bord, il aperçut le Centaure qui, loin de passer Déjanire, se disposait à l'enlever de vive force. Alors le héros, indigné de son audace, lui décocha une flèche trempée dans le sang de l'hydre de Lerne, et le perça. Nessus, se sentant mourir, donna à Déjanire sa tunique ensanglantée, en lui disant que, si elle pouvait persuader à son mari de la porter, ce serait un moyen sûr de se l'attacher pour toujours. La jeune épouse, trop crédule, accepta ce présent, à dessein de s'en servir à l'occasion. Peu de temps après, ayant appris qu'Hercule était retenu en Eubée par les charmes d'Iole, fille d'Eurytus, elle lui envoya la tunique de Nessus par un jeune esclave appelé Lychas, à qui elle recommanda de dire à son mari les choses les plus tendres et les plus touchantes.
Hercule, qui ne soupçonnait rien du dessein de sa femme, reçut avec joie ce fatal présent ; mais il n'en fut pas plutôt revêtu, que le venin dont la tunique était infectée fit sentir son funeste effet. En un instant il se glissa dans les veines, et bientôt pénétra jusqu'à la mœlle des os. En vain le héros essaya de se débarrasser de cette tunique ; elle s'était collée sur sa peau et comme incorporée à ses membres. À mesure qu'il la déchirait, il se déchirait aussi la peau et la chair. Dans cet état, il pousse des cris effroyables, et fait les plus terribles imprécations contre sa perfide épouse. Dans sa fureur, il saisit Lychas, et le lance à la mer où il est changé en rocher.
Voyant tous ses membres desséchés et sa fin prochaine, il élève un bûcher sur le mont Œta, y étend sa peau de lion, se couche dessus, met sa massue sous sa tête, et ordonne ensuite à Philoctète, son ami, d'y mettre le feu et de prendre soin de ses cendres.
Dès que le bûcher fut allumé, la foudre, dit-on, vint le frapper, et consuma le tout en un instant, pour purifier ce qu'il y avait de mortel dans Hercule. Jupiter l'enleva alors dans le ciel, et le plaça au rang des demi-dieux.
Quand Déjanire eut appris la mort d'Hercule, elle en conçut tant de regret, qu'elle se tua elle-même. Les poètes disent que de son sang sortit une plante appelée
nymphée ou
héracléon.
Philoctète, ayant élevé un tombeau sur les cendres de son ami, y vit bientôt offrir des sacrifices au nouveau dieu. Les Thébains et les autres peuples de la Grèce, témoins de ses belles actions, lui érigèrent des temples et des autels. Son culte fut porté plus tard à Rome, en Gaule, en Espagne et jusque dans l'île de Taprobane, aujourd'hui Ceylan.
À Rome, Hercule avait plusieurs temples ; à Cadix, il en avait un très célèbre, dans lequel on voyait les fameuses colonnes.
Ce héros a été peint avec une puissante musculature, des épaules carrées, un teint noir ou bronzé, un nez aquilin, de gros yeux, la barbe épaisse, les cheveux crépus et horriblement négligés. Sur les monuments, il paraît ordinairement sous les traits d'un homme robuste, la massue à la main, et portant la dépouille du lion de Némée, quelquefois sur le bras, quelquefois sur la tête. On le trouve aussi représenté tenant l'arc et le carquois ; souvent barbu, il est assez fréquemment sans barbe.
La plus belle de toutes les statues de ce demi-dieu, que l'antiquité nous ait transmises, est l'
Hercule Farnèse, chef-d'œuvre de l'art, dû à l'Athénien Glycon, et découvert au seizième siècle à Rome dans les bains de Caracalla. Hercule y est représenté reposant sur sa massue recouverte en partie de la peau du lion, et tient à la main les pommes du jardin des Hespérides.
Le peuplier blanc lui était consacré.
Eurysthée, non content de voir son ennemi mort, voulut exterminer les restes d'un nom si odieux pour lui. Il poursuivit les Héraclides, ou descendants d'Hercule, de climats en climats jusqu'au sein de la Grèce. Ceux-ci s'étant réfugiés à Athènes auprès d'un autel de Jupiter pour contre-balancer Junon qui animait Eurysthée contre eux, Thésée prit leur défense, et refusa de les livrer à leur persécuteur venu les redemander les armes à la main, et qui périt avec toute sa famille dans un combat.
Alcmène eut la douleur de survivre à son fils Hercule ; mais elle eut aussi la cruelle satisfaction de tenir entre ses mains la tête d'Eurysthée et de lui arracher les yeux. Après la mort de son premier époux, elle avait épousé Rhadamanthe qu'elle rejoignit plus tard aux Enfers. On raconte que, pendant que les Héraclides étaient occupés de ses funérailles, Jupiter ordonna à Mercure d'enlever son corps et de le transporter aux Champs-Élysées. À Thèbes, elle était associée à la gloire de son fils, et on lui rendit des honneurs divins.
Tous les cinq ans, les Athéniens célébraient les
Héraclées, grandes fêtes en l'honneur d'Hercule. Les mêmes fêtes se célébraient aussi à Sicyone où elles duraient deux jours.
On désigne parfois Hercule sous le nom de
héros de Tirynthe, ville d'Argolide, où, dit-on, il fut élevé.