La Faim Quelques divinités allégoriquesLa Faim, divinité, est fille de la Nuit. Virgile la place aux portes des Enfers, et d'autres sur les bords du Cocyte. D'ordinaire, on la représente accroupie dans un champ aride, où quelques arbres dépouillés de feuillage ne présentent qu'un ombrage triste et rare ; elle arrache avec ses ongles quelques plantes infertiles.
Les Lacédémoniens avaient à Chalciœcon, dans le temple de Minerve, un tableau de la Faim, dont la vue était effrayante. Elle était représentée dans ce temple sous la figure d'une femme hâve, pâle, abattue, d'une maigreur extrême, ayant les tempes creuses, la peau du front sèche et étirée, les yeux éteints, enfoncés dans la tête, les joues plombées, les lèvres livides, enfin, les bras décharnés ainsi que les mains qu'elle avait liées derrière le dos. Ovide a fait de la Faim une description qui n'est pas moins effrayante.
On ne peut décrire la Faim ou la Famine sans reporter ses souvenirs vers la fable d'Érésichton, fils de Driops et aïeul maternel d'Ulysse.
Il méprisait les dieux ; et ne leur offrait jamais de sacrifices. Il eut la témérité de profaner à coups de hache une antique forêt consacrée à Cérès et dont les arbres étaient habités par autant de dryades. La déesse chargea la Faim, ou la Famine, de le punir de son impiété. Le monstre pénétra au fond des entrailles de ce malheureux pendant qu'il dormait.
En vain Érésichton fit appel aux ressources de sa fille, Métra, aimée de Neptune et qui avait obtenu de ce dieu le don de prendre toutes les formes de la nature ; l'infortuné père, en proie à une faim dévorante, que rien ne pouvait calmer, finit par se dévorer lui-même.