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Fontaines
Les Fontaines
Divinités de la mer et des eaux
Les Fontaines, ainsi que les rivières, étaient en général filles de Téthys et de l'Océan. Elles se trouvaient placées sous la protection de nymphes et de génies avec lesquels on les identifiait. Celles dont les eaux passaient pour avoir une vertu curative ou salutaire étaient les plus vénérées. Aux jours de fêtes solennelles, à l'occasion d'une réjouissance publique, on les couvrait de feuillage et de verdure, on les entourait de fleurs et de guirlandes, on leur faisait des libations, elles recevaient en un mot tous les honneurs de la divinité.

Parmi elles il y en avait qui, par leur origine, différaient de toutes les autres fontaines. Pour des raisons particulières, les poètes se sont plu à les célébrer. De ce nombre étaient par exemple, en Grèce, Aganippe, Hippocrène, Caslalie et Pyrène.

Aganippe, qui sort du pied de l'Hélicon, en Béotie, était fille du fleuve Permesse. Ses eaux avaient la vertu d'inspirer les poètes, et elle était consacrée aux Muses. Auprès d'elle, si près même qu'on la confond souvent avec elle, était Hippocrène, fontaine que le cheval ailé Pégase fit jaillir d'un coup de pied. Elle aussi était pour les poètes une source d'inspiration.

Mais la fontaine inspiratrice par excellence, celle que les Muses et Apollon préféraient entre toutes, c'était Castalie. Elle jaillissait au pied du Parnasse et n'avait pas toujours été une simple fontaine. Elle avait vécu, et parcouru sous la forme d'une gracieuse nymphe la vallée qu'elle baignait de son onde. Aimée d'Apollon, elle fut métamorphosée par ce dieu en source limpide et fraîche ; mais elle possédait la vertu chère aux poètes d'exciter l'enthousiasme et d'exalter l'imagination. Quiconque venait boire à ses eaux se sentait inspiré du génie poétique. Le murmure même de la source était inspirateur. La Pythie de Delphes éprouvait parfois le besoin de venir tremper ses lèvres dans l'eau de Castalie, avant d'aller rendre ses oracles et s'asseoir sur son trépied.

A l'entrée du Péloponèse, les Muses avaient aussi leur fontaine favorite et qui leur était consacrée. Elle jaillissait au pied de la citadelle de Corinthe ou Acrocorinthe, et s'appelait la fontaine de Pyrène.

Sur l'origine de cette fontaine, les mytologues ne sont pas d'accord. Les uns rattachent sa légende à celle de Sisyphe ou d'Alope et de sa fille Égine enlevée par Jupiter. D'autres racontent que la nymphe Pyrène, inconsolable de la perte de Cenchrias ou Cenchrée, sa fille, tuée, par accident, d'un dard que Diane lançait à une bête sauvage, en versa tant de larmes, que les dieux, après sa mort, la changèrent en cette abondante source qui alimentait Corinthe.

On verra dans la fable de Bellérophon que les eaux fraîches de cette source avaient retenu Pégase sur ses bords, quand le héros s'empara de ce cheval ailé pour s'élever dans les airs et voler à ses exploits.

La vue d'une fontaine isolée, le bruit monotone de sa source portent naturellement à la mélancolie ; de là ces métamorphoses des grandes douleurs en fontaines. Ainsi Biblis de Milet, fille de la nymphe Cyanée et sœur de Caunus, ne pouvant se consoler de l'éloignement de son frère et le cherchant de toutes parts, finit par s'arrêter dans un bois où, à force de pleurer, elle fut changée en fontaine intarissable.

Les sources thermales avaient aussi leur fable. C'est ainsi que la nymphe Jouvence, métamorphosée en fontaine par Jupiter, avait la vertu de rajeunir ou d'arrêter la marche des années. Où était cette fontaine merveilleuse ? La fable ne le dit pas. Au moyen-âge on la faisait venir du Paradis terrestre, et on la plaçait dans les déserts d'Afrique. Au commencement du seizième siècle, deux explorateurs espagnols, la cherchant en Amérique, firent la découverte de la Floride.

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