On dit que l'invention de terribles armes de guerre finira par rendre la guerre impossible. C'est faux. De même qu'on peut augmenter les moyens d'exterminer, de même on peut augmenter les moyens de soumettre les hommes. Qu'on les tue par milliers, par millions, qu'on les mette en pièces, ils iront à la boucherie comme un bétail stupide. On fera marcher les uns de force, et les autres en leur donnant des rubans, des croix et des galons. — Tolstoï (1898). (Nota. — Peut-être les fait-on marcher surtout en les trompant par le moyen de la presse. — N.D.E.)
Jésus dit : « Prends ta croix et suis-moi. » Personne ne bouge.
Mais un homme galonné qui a la fantaisie de dire : « Prends ta carabine et marche à une mort certaine accompagnée de maintes souffrances », et tout le monde accourt. — Tolstoï.
Au lieu des haines nationales qu'on nous inspire sous le couvert du patriotisme, il faut enseigner aux enfants l'horreur et le mépris de la carrière militaire, qui sert à diviser les hommes, il faut leur enseigner à considérer comme un signe de sauvagerie la division des hommes en Etats, la diversité des lois et des frontières; que massacrer des étrangers inconnus sans le moindre prétexte est le plus horrible des forfaits dont est capable l'homme tombé au dernier degré de la bête. — Léon Tolstoï.
Quand je songe à tous les maux que j'ai vus et que j'ai soufferts, provenant des haines nationales, je me dis que tout cela repose sur un grossier mensonge : l'amour de la Patrie. — Tolstoï.
Les souverains qui prennent conseil aujourd'hui de leurs ministres décident de par leur seul volonté, si c'est cette année ou l'année prochaine que commencera la grande tuerie. Ils savent très bien que tous les discours ne les empêcheront pas, quand l'idée leur en viendra, d'envoyer des millions d'hommes à la boucherie. Ils écoutent même avec plaisir ces dissertations pacifiques, les encouragent et y prennent part.
Loin d'être nuisibles, elles sont, au contraire, utiles aux gouvernements, parce qu'elles donnent le change aux peuples et les détournent de la question principale, essentielle :
« Doit-on ou non se soumettre à l'obligation du service militaire? » — L. Tolstoï.
Il n'y a plus ni bien ni mal, si nous sommes obligés de faire le mal dans certaines circonstances. — Tolstoï.
Le patriotisme est un sentiment artificiel et déraisonnable, source funeste de la plupart des maux qui désolent l'humanité. — Tolstoï.