Maintenant, on fait un devoir à un pauvre paysan d'être soldat... On lui enseigne, dans la cour d'une vilaine caserne, à tuer régulièrement des hommes; on le menace, on l'injurie, on le met en prison; on lui dit que c'est un honneur, et, s'il ne veut point s'honorer de cette manière, on le fusille. — Anatole France.
La déraison des guerres modernes se nomme intérêt dynastique, nationalités, équilibre européen, honneur. Ce dernier motif est peut-être de tous le plus exécrable, car il n'est pas un peuple au monde qui ne soit souillé de tous les crimes et couvert de toutes les hontes. Il n'en est pas un qui n'ait subi toutes les humiliations que la fortune puisse infliger à une misérable troupe d'hommes. Si, toutefois, il subsiste encore un honneur dans les peuples, c'est un étrange moyen de le soutenir que de faire la guerre, c'est-à-dire de commettre tous les crimes par lesquels un particulier se déshonore : incendie, rapines, viol, meurtre. — Anatole France.
Les chefs d'Etat ne peuvent souhaiter le désarmement, qui rendrait leur fonction difficile et mal sûre, et leur ferait perdre un admirable instrument de règne. Car les nations armées se laissent conduire avec docilité. La discipline militaire les forme à l'obéissance et l'on ne craint chez elle ni insurrection, ni troubles, ni tumultes d'aucune sorte. — Anatole France.
Les troupes en ligne sont mises, de part et d'autre, dans l'impossibilité de fuir. C'est tout l'art des batailles. — Anatole France.
Qu'on le veuille ou non, l'heure est venue ou d'être citoyen du monde, ou de voir périr toute civilisation. — Anatole France, discours de Tours, 1919.