Laocoon Héros troyens de la Guerre de TroieLaocoon, fils de Priam et d'Hécube, selon les uns, ou frère d’Anchise, selon les autres, exerçait dans la ville de Troie les fonctions de prêtre de Neptune et d'Apollon.
Fatigués d'un siège et d’une suite de combats qui duraient depuis dix ans, les Grecs eurent recours à un stratagème pour pénétrer dans Troie, si bien défendue. Ils construisirent, suivant les leçons de Pallas-Minerve, un cheval énorme, avec des planches de sapin, artistement jointes ensemble, et ils publièrent que c'était une offrande qu'ils consacraient à cette déesse, pour obtenir un heureux retour dans leur pays. Ils remplirent de soldats les flancs de cet énorme cheval, et feignirent de s'éloigner. Les Troyens, voyant ce colosse sous leurs murs, se proposèrent de le faire entrer dans leur ville et de le placer dans leur citadelle.
En apprenant ce dessein, Laocoon accourt presque en fureur, s'efforce de dissuader ses concitoyens, leur représente comme une ruse ou une machine de guerre ce colosse abandonné par les Grecs, et lance un javelot contre les flancs du cheval. Les Troyens, dans leur aveugle confiance, regardèrent cette action comme une impiété. Ils en furent plus persuadés encore lorsque deux affreux serpents, venus de la rner, allèrent droit à l'autel ou sacrifiait Laocoon, se jetèrent sur ses deux fils, Antiphate et Tymbræus, les enveloppèrent de leurs anneaux, saisirent Laocoon lui-même qui venait au secours de ses enfants, et ne lachèrent leurs trois victimes qu'après les avoir étoufféees et lacérées de leurs morsures immondes.
Les Troyens donc font entrer dans leur ville le colosse fatal, et le placent dans le temple de Minerve. La nuit suivante, pendant que la ville entière était plongée dans un profond sommeil, un traître, transfuge de l'armée grecque, nommé Sinon, ouvre les flancs du cheval, en fait sortir les soldats, et alors Troie est prise et livrée aux flammes.
L'épisode de Laocoon, un des plus beaux passages de l'Énéide, de Virgile, a inspiré le chef-d'œuvre de sculpture bien connu dont le Louvre possède une reproduction. Il est attribué à trois excellents artistes de Rhodes : Polydore, Athénodore et Agésandre, qui le taillèrent, de concert, dans un seul bloc de marbre. Il fut trouvé à Rome dans les bains de Titus, en 1506.