Les Eaux stagnantes Divinités de la mer et des eauxLes lacs, les étangs, les marais, objets d'un culte religieux, avaient leurs divinités tutélaires comme les fontaines et les cours d'eau. Non seulement l'imagination des poètes y plaçait des nymphes, des naïades dans leurs gouffres mystérieux ou parmi leurs roseaux, mais les peuples élevaient sur leurs bords des temples ou des sanctuaires consacrés aux divinités les plus puissantes.
Diane était honorée tout particulièrement sur les bords du lac Stymphale en Arcadie. Dans son temple se dressait une statue de bois doré, connue sous le nom de Stymphalie. Autour de l'image de cette déesse étaient rangées d'autres statues de marbre blanc qui représentaient sous la forme de jeunes filles les divers oiseaux du lac. Malheur aux habitants de la ville voisine, de Stymphale, s'ils venaient à négliger le culte de la déesse : les eaux du lac manifestaient aussitôt la colère de Diane, et ce n'était que par des prières et des sacrifices qu'on préservait la contrée des ravages de l'inondation.
Les peuples d'Italie regardaient comme des dieux tous les lacs et tous les fleuves de leur climat : ils adoraient le lac d'Albe, le lac Fucin, ceux d'Aride et de Cutilie aussi religieusement que les fleuves Clitumne et Numique.
Parfois les lacs dissimulaient dans leur profondeur l'entrée de l'Enfer, tel le lac ou marais de Lerne en Argolide, ou le lac Averne en Italie.
« Les Argiens, dit Pausanias, prétendent que c'est par le lac de Lerne que Bacchus descendit aux Enfers pour en retirer sa mère, Sémélé. »
Le lac Averne était consacré à Pluton.
Ses eaux croupissantes et peut-être sulfureuses exhalaient des miasmes nauséabonds et délétères : les oiseaux qui volaient au-dessus y tombaient asphyxiés, ce qui lui a fait donner son nom (Rac. a privatif et ornis oiseau). Il communiquait, croyait-on, avec les demeures infernales : sur ses bords était l'oracle des Ombres dont parle Homère, et qu'Ulysse vint consulter sur son retour.
Strabon raconte que ce lac était entouré d'arbres dont la cime inclinée formait une voûte impénétrable aux rayons de soleil. Il ajoute que, ces bois ayant été coupés par l'ordre d'Auguste, l'air se purifia. Il est certain que les oiseaux volent aujourd'hui sans danger sur les eaux de ce lac de Campanie.