« Il n'y a pas d'heure pour les braves. »Nous avons rencontré cette formule proverbiale dans les Deux Sergents, mélodrame en trois actes de d'Aubigny, joué à la Porte-Saint-Martin le 20 février 1823.
Sans raconter en détail les péripéties de ce drame un peu naïf, mais assez émouvant, nous dirons qu'au 3e acte, Robert, l'un des deux sergents, victime de son dévouement pour son ami Félix, auquel il sert de caution, va être fusillé à sa place. Il a obtenu avant de mourir la faveur de s'unir à la jeune fille qu'il aime. Il est trois heures, et l'exécution doit avoir lieu à quatre.
Au moment où le mariage va s'accomplir, le lieutenant Morazzi, préposé à la garde du sergent, a la cruauté de lui rappeler qu'il n'a plus qu'une heure à vivre :
« — Il n'y a point d'heures pour les braves », répond stoïquement Robert.
Est-ce bien là qu'il faut voir l'origine du dicton ? Il y aurait quelque imprudence à l'affirmer. Nous ferons seulement observer qu'il porte bien la marque de cette époque. L'expression un brave était alors fort à la mode comme synonyme de soldat intrépide. Elle est répétée jusqu'à sept fois dans les Deux Sergents.