« Ils veulent être libres, ils ne savent pas être justes. »Parole célèbre prononcée par l'abbé Siéyès, à l'Assemblée constituante, le 10 août 1789.
Dans la nuit du 4 août, l'Assemblée avait décidé en principe que toutes les dîmes sans distinction seraient rachetables.
Lorsqu'on en vint, le 10, à discuter le texte du comité de rédaction, on proposa, ce qui fut finalement voté, la suppression pure et simple des dîmes ecclésiastiques, l'Etat s'engageant à subvenir aux besoins du clergé, toutes les autres devant être rachetées.
Siéyès, prenant la défense du clergé, s'opposa de toute la force de son éloquence à l'adoption de cette mesure, et dit, au milieu d'un assez long discours :
« Je n'ajoute plus qu'un mot ; y a-t-il beaucoup de justice à déclarer que les dîmes inféodées qui sont de même nature et ont les mêmes origines, soit qu'elles se trouvent dans des mains laïques ou dans des mains ecclésiastiques, sont supprimées avec indemnité pour le laïc et sans indemnité pour l'ecclésiastique ?... Ils veulent Être libres, ils ne savent pas être justes. »
(Moniteur du 11 au 14 août, p. 165, col. 1.)