Chambre introuvable.D'après les Mémoires de Guizot (t. I, p. 149) et l'Histoire des deux Restaurations, de Vaulabelle (3me éd., t. IV, p. 208), le mot serait du roi Louis XVIII lui-même.
Répondant à une députation de la Chambre de 1815, chargée de lui présenter un projet de loi, il aurait dit, ravi de se trouver en parfaite communion d'idées avec les députés, « qu'une pareille Chambre semblait introuvable », et M. de Vaulabelle ajoute en note :
« C'est cette qualification d'introuvable qui a donné à la Chambre royaliste de 1815 le surnom sous lequel elle est désignée le plus communément, mais on en a interverti le sens : dans la bouche de Louis XVIII cette épithète était un éloge ; depuis 1816, elle n'a plus été qu'un blâme...»
Nommée au lendemain des Cent-Jours, le 24 août 1815, par un nombre très restreints d'électeurs, désireux de se concilier les bonnes grâces du régime naissant, cette Chambre était l'expression la plus outrée de la réaction royaliste. Les plus ardents de ce parti avaient reçu de Fouché, qui avait été leur première victime, le nom d'ultra-royalistes, qui se transforma en celui d'ultras tout court. (Voy. Vaulabelle, t. IV, p. 448.)
C'est bien à ces hommes, qui allaient plus loin que le roi lui-même dans la voie réactionnaire, que convenait l'expression si souvent répétée : plus royaliste que le roi, et l'on pourrait penser qu'elle datait de la même époque. Il n'en serait rien pourtant, si l'on en croit ces lignes empruntées à la fameuse brochure de M. Chateaubriand : La Monarchie selon la Charte, publiée en 1816 (chap.81, p. 94):
« La grande phrase reçue c'est qu'il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Cette phrase n'est pas du moment ; elle fut inventée sous Louis XVI : elle enchaîna les mains des fidèles, pour ne laisser libre que le bras du bourreau. »