« Tout est perdu fors l'honneur. »Voici, ce qui est assez rare, un mot historique à très peu près conforme à la vérité.
On a souvent reproduit le texte de la lettre que le roi François Ier écrivait de Pizzighitone à sa mère, après qu'il eut été fait prisonnier à la bataille de Pavie (24 février 1525). Il en existe plusieurs variantes. La suivante a été publiée en 1847 par M. A. Champollion-Figeae, à la p. 129 de la Captivité du roi François Ier, d'après un manuscrit qui porte le n° 743 du fonds Dupuy à la Bibl. nat. :
« Madame, pour vous faire sçavoir comme se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui est saulve. Et pour ce que, envostre adversité, ceste nouvelle vous fera ung peu de reconfort, j'ay prié qu'on me laissast vous escripre ceste lettre...
» Françoys. »
Bien que la lettre elle-même n'ait pu être retrouvée, son authenticité est prouvée par la réponse de la régente Louise de Savoie, dont on possède l'original et dont M. Champollion a joint le fac-similé à la page 134 du même ouvrage. En voici les premières lignes :
« Au ROY MON TRÈS REDOUBTÉ FILZ ET SOUVERAIN SEIGNEUR,
» Monseigneur, je ne puis par meilleur endroit commencer ceste lectre, que de louher Nostre Seigneur de ce qu'il luy a pleu vous avoir gardé l'onneur, la vye et la senté ; dont, par l'escripture de vostr'e main, il vous plaist m'asseurer; qui a esté en nostre trybulacyon tel confort, qu'yl ne se peust sufysemment escripre...
» Vostre frès humble, bonne mère et subjecte
» Loyse. »