Le silence des peuples est la leçon des rois. On sait qu'à la fin de son règne, Louis XV, autant par les scandales de sa vie privée que par les malheurs publics dûs à son triste gouvernement, avait depuis longtemps cessé de mériter le surnom de Bien-aimé, que lui avait donné son peuple lors de sa maladie à Metz, au mois d'août 1744.
Ce serait Vadé, si l'on en croit Voltaire, qui le premier aurait prononcé le mot lorsque la nouvelle de la convalescence du roi se répandit à Paris, le 19 août. (Voy. ses Mémoires et sa lettre à Mme du Deffand, du 7 septembre 1774.) D'autres l'ont attribué à Pannard. Or, c'est seulement le 5 octobre suivant que, dans les Fêtes sincères, celui-ci faisait chanter par Frontin, à la scène dernière :
Rassemblez-vous, peuple fidèle,
Venez vous unir à ma voix :
Si dans ce jour je vous appelle,
C'est pour le plus charmant des Rois.
Chantons tous, chantons avec zèle :
Vive Louis le Bien-aimé ;
Tous les cœurs l'ont ainsi nommé.