« Oiseau rare. » Souvenir de l'expression « rara avis », dont nous citerons quelques exemples chez les auteurs latins. On la trouve d'abord employée au propre par Horace (2e épître du livre II, vers 26) :
« J'aurai grand'peine, disait le poète, à obtenir que vous préfériez à ce paon qui orne votre table un poulet succulent : la vanité vous séduit. C'est parce que l'oiseau rare se vend au poids de l'or, n'est-ce pas ? et que les peintures de sa queue étalent un beau spectacle, comme si cela faisait quelque chose à l'affaire. »
..........quia veneat auro
Rara avis, et picta pandat spectacula cauda.
(Trad. de l'éd. Nisard.)
Perse reprenait la même expression au figuré (satire I, vers 46) :
Non ego, quum scribo, si forte quid aptius exit,
Quando hæc rara avis est, si quid tamen aptius exit.
Laudare metuam.
« Moi-même, si, en écrivant, il m'échappe quelque trait heureux, quoique ce soit là un oiseau rare, si cependant il m'échappe un trait heureux, je ne craindrai point les compliments. »
Juvénal a dit à son tour (satire VI, vers 165), pour achever de dépeindre une femme accomplie :
Rara avis in terris nigroque simillima cycno.
On ne pouvait alors prévoir que ce fameux cygne noir, réputé introuvable, serait un jour découvert dans l'Australie occidentale par le navigateur hollandais Willem de Vlaming (le 6 janvier 1697).
On emploierait plutôt aujourd'hui l'expression de merle blanc, autre rareté dont Pausunins signalait l'existence au mont Cyllène, en Arcadie (liv. VIII, ch. 17, 3), et dont un curieux échantillon, au dire de Buffon, fut envoyé de Rome au naturaliste italien Aldrovandi (1522-1607).