Le nerf de la guerre. Dès l'antiquuité grecque, on a appelé l'argent : le nerf des affaires, ou le nerf de la guerre.
Le plus ancien exemple que l'on en cite est le suivant :
Dans son discours Contre Ctésiphon (338 av. J.-C), Eschine, orateur athénien, reprochait à Démosthènes, son ennemi, d'avoir employé quelques métaphores qu'il déclarait « odieuses et barbares », celle-ci entre autres (division 166) :
Le nerf des affaires a été traîtreusement tranché.
Parmi les documents relatifs à cette expression, il importe de mentionner le chapitre célèbre dans lequel Machiavel combat l'opinion généralement admise que l'argent est le nerf de la guerre. (Discours sur la première décade de Tite-Live, liv. II, chap, x; 1516 environ.)
« Il n'y a pas, disait-il, d'opinion plus fausse... Elle a été mise en avant par Quinte-Curce, à l'occasion de la guerre d'Antipater, roi de Macédoine, contre Lacédémone. Il raconte que, par défaut d'argent, le roi de Sparte fut obligé de livrer bataille : il fut vaincu. S'il eût pu différer de quelques jours, la nouvelle de la mort d'Alexandre serait arrivée ; il serait resté vainqueur... Et Quinte-Curce en prend occasion de dire que l'argent est le nerf de la guerre...
» Ce n'est pas l'or, mais les bons soldats, qui sont le nerf de la guerre. L'or ne fait pas trouver de bonnes troupes, mais les bonnes troupes font trouver de l'or. » (Trad. du Panthéon littéraire.)
Selon Machiavel, l'argent n'est pas plus le nerf de la guerre que toutes les autres choses qui peuvent réduire un général à la fâcheuse nécessité de livrer bataille malgré lui.